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Le Figaro.fr : Présidentielle : la santé, un enjeu majeur pour le vote des Français

Février 2017, par infosecusanté

Présidentielle : la santé, un enjeu majeur pour le vote des Français

Par Soline Roy , le 27/02/2017 à 09:57

Selon un sondage, les Français jugent qu’il faut inciter les médecins à s’installer dans les déserts médicaux et responsabiliser tous les acteurs pour réduire le déficit de la Sécurité sociale.

Que les candidats à la présidentielle se le disent : à deux mois du scrutin, la santé est un enjeu important pour les Français, selon la 7e vague du Baromètre santé réalisé par Odoxa pour Le Figaro Santé, France Inter, Orange Healthcare et la MNH. Au point que cela pourrait influencer le vote de 77 % des sondés.

Notre système de santé est un trésor qu’il faut préserver, selon une majorité des 1001 Français interrogés (échantillon représentatif de la population adulte) : 78 % d’entre eux jugent que leur système de santé est le meilleur en Europe. Les médecins (428 interrogés) et les directeurs d’hôpitaux (190) ont la dent un peu plus dure : ils sont 69 % et 68 % respectivement à juger que le système de santé français est le meilleur.

Le satisfecit de la population est cependant à relativiser : les résultats obtenus auprès de 3046 personnes interrogées en France, Grande-Bretagne, Espagne, Allemagne et Italie montrent que chaque population a tendance à penser que le système de son pays est le meilleur, à l’exception notable des Italiens, qui accordent une légère préférence au système allemand.

L’hôpital recueille un plébiscite : 86 % des Français ayant fréquenté (pour eux ou un proche) un établissement de santé dans les deux dernières années sont satisfaits ou très satisfaits de la relation tissée avec l’hôpital. Là encore, les médecins sont moins optimistes, estimant en moyenne que 66% des patients ont été satisfaits. Les directeurs d’hôpitaux mettent la barre un peu plus haut, fixant à 76% le taux de patients satisfaits. Seuls 38 % des premiers, mais 67 % des seconds, estiment correctement la part des patients satisfaits.

Les obstacles rencontrés dans le parcours de soins sont principalement la difficulté à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste

Les obstacles rencontrés dans le parcours de soins sont principalement la difficulté à obtenir un rendez-vous avec un spécialiste (difficile pour 58 % des Français et 54% des Européens), suivi de près par le fait de devoir payer des dépenses de santé non couvertes par la Sécurité sociale ou une assurance santé (40%). Obtenir un rendez-vous avec un généraliste (20 % des Français et 28 % des Européens) et se rendre à l’hôpital (17% et 25%) semblent moins compliqués. Sauf pour les Italiens et les Britanniques, qui expriment des difficultés importantes pour les quatre items.

Parmi les causes des difficultés d’accès aux soins : les fameux « déserts médicaux ». 86 % des Français jugent que les règles de répartition des médecins sur le territoire ne prennent pas assez en compte les besoins des patients. Un sujet sur lequel tout le monde semble d’accord : 83% des médecins interrogés ont la même opinion et… 96% des directeurs d’hôpitaux ! L’écart se creuse en revanche quant à l’opportunité d’une intervention des pouvoirs publics : si 81% des Français et 87% des directeurs d’hôpitaux pensent que les autorités devraient davantage réguler la répartition des médecins, ces derniers disent non à 56%. Sur la façon de procéder, ce sont les directeurs d’hôpitaux qui se distinguent : ils privilégient la limitation de l’installation dans les zones où il y a déjà assez de médecins (56%), tandis que les Français (46%) et les médecins (48%) estiment que la principale mesure à adopter serait d’accorder des avantages aux médecins s’installant dans des zones sous-dotées. Sans surprise, les médecins seraient davantage prêts à s’installer dans une petite ville de province (64%) ou la banlieue pavillonnaire d’une grande ville (52%), plus qu’en zone rurale (39%) ou dans une cité populaire de banlieue (22%). Cependant, près de la moitié des médecins (46%) pourraient se laisser convaincre par des mesures incitatives d’aller en zone rurale ou en banlieue.

Favoriser les soins ambulatoires

Comment convaincre les médecins ? Ces derniers font le même diagnostic que leurs patients. Ils préfèrent les regroupements de professionnels (maisons de santé et travail en réseau) et l’aide à l’installation (mise à disposition de local, primes, délégation de tâches) plutôt que des mesures « punitives » (déconventionnement, affectation autoritaire en début de carrière…).

Parmi les propositions avancées pour réduire le déficit de l’Assurance-maladie, les Français semblent privilégier la responsabilisation. Une majorité (83%) veut favoriser les soins ambulatoires, inciter les médecins à limiter les arrêts maladie (73%) et développer l’usage des médicaments génériques (72%). La solidarité semble une valeur importante : 71% suggèrent de proposer une assurance complémentaire publique à faible coût pour ceux dont les revenus dépassent un peu le seuil permettant de bénéficier de la couverture maladie universelle (CMU), 68% d’intégrer les mutuelles à la Sécurité sociale pour prendre en charge 100% des frais.

Moins rembourser les patients ayant une mauvaise hygiène de vie (tabac, alcool, sédentarité…) recueille 44% des suffrages. En revanche, une franchise pour que les 1000 premiers euros soient pris en charge par la mutuelle ne soulève pas l’enthousiasme (25% de oui). Et 90% des Français refusent l’idée que seuls les médicaments pour les maladies graves soient à l’avenir remboursés.