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Le Figaro.fr : Réforme des retraites : le flou n’est toujours pas levé

Mars 2019, par infosecusanté

Réforme des retraites : le flou n’est toujours pas levé

Marie-Cécile Renault

Le Figaro -

‎jeudi‎ ‎21‎ ‎mars‎ ‎2019

Syndicats et patronat ont exhorté le gouvernement à sortir du « brouillard » sur la réforme des retraites, lors d’un colloque organisé jeudi au Sénat en présence de Jean-Paul Delevoye et de parlementaires.

Après les déclarations contradictoires de ces derniers jours sur le report de l’âge légal de départ en retraite, le flou persiste. Lors d’un colloque organisé jeudi au Sénat sur la réforme des retraites, la quasi-totalité des partenaires sociaux ont exhorté le gouvernement à sortir du « brouillard ». D’autant que la grande majorité d’entre eux (sauf FNSEA et CFDT) n’étaient pas demandeurs de cette réforme systémique. En revanche, tous reconnaissent avoir des relations « sincères et franches » avec le Haut-Commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye, apprécient sa méthode, et lui gardent leur confiance. « Ce serait dommage que des interventions extérieures viennent gâcher cette confiance alors qu’on est à un mois de conclure. Il ne peut pas y avoir deux lois retraites », a déclaré Frédéric Sève (CFDT). Sous-entendu, une loi systémique mettant en place le régime universel et une loi paramétrique reportant l’âge.

« Le brouillard ne se dissipe pas. On dit que Mme Buzyn a eu du courage. Elle a surtout eu du bon sens. On en manque dans un certain nombre de sphères. Mais on n’y voit pas plus clair », a déclaré Claude Tendil (Medef), qui est, lui, favorable à un report progressif de l’âge de départ à 64 ans. Et de rappeler que les retraites pèsent 320 milliards d’euros, 14% du PIB, un record du monde. « L’âge de départ à 62 ans est une anomalie en Europe. La plupart des pays voisins sont à 65 ans », poursuit-il.

« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup »

Les syndicats, eux, sont tous opposés à une telle mesure. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. Et le loup va bientôt sortir du bois. Nous commençons à préparer nos troupes et l’automne sera chaud », a prévenu Catherine Perret (CGT). « Le brouillard est plus que conséquent. On ne mange pas avec des concepts mais avec des euros. Le gouvernement est en train de fabriquer une réforme, dont on ne connaîtra la valeur du point qu’en 2025 », met en garde Philippe Pihet (FO), dont le syndicat est lui aussi opposé à la réforme. « Entre le statut quo et la révolution il y avait place pour la réforme. Mais le choix a été fait de faire table rase du passé », a regretté Serge Lavagna (CFE-CGC).

Même Frédéric Sève - dont la centrale soutient la réforme du gouvernement - rappelle « que le report de l’âge serait une ligne rouge et qu’une réforme systémique ne vise pas à faire des économies, mais du mieux-disant social ». « Le gouvernement envisage de moduler en 2020 le taux d’indexation selon les niveaux de pension, c’est le contraire du principe 1 euro cotisé qui donne les mêmes droits. Il faudrait être logique ! », observe quant à lui Serge Lavagna (CFE-CGC).

« La réforme systémique ne devait pas être financière mais les décisions du gouvernement prouvent le contraire avec le gel des pensions en 2018, leur sous-revalorisation en 2019, la hausse de la CSG », a également souligné le sénateur René-Paul Savary, rapporteur retraites de la commission des affaires sociales du Sénat. « La concertation ne peut se résumer à une seule phase d’écoute. Il faut maintenant nous en dire plus et ouvrir le temps de la délibération par les élus, qui permettra d’enrichir le débat, car c’est une réforme qui dépasse les retraites et constitue une vraie réforme sociétale », a-t-il conclu.

« Je suis un homme d’engagement et ces engagements ne peuvent pas être remis en cause. Quand il y a la tempête médiatique, il faut laisser retomber les poussières. Nous continuons notre chemin », a conclu Jean-Paul Delevoye.