Luttes et mobilisations

Le Figaro.fr : Urgences : les grévistes attendent les annonces de Buzyn au tournant

Août 2019, par infosecusanté

Urgences : les grévistes attendent les annonces de Buzyn au tournant

Par Journaliste Figaro Pierre Zéau

Publié le 15/08/2019

Cinq mois après son lancement, la grève continue et prend même de l’ampleur dans les services d’urgences. On dénombre environ 200 services mobilisés à la mi-août dans toute la France (195 selon l’organe public la Direction Générale de l’Offre de Soin, 218 selon le collectif Inter-Urgences) contre 80 deux mois plus tôt. La prime de 70 millions d’euros accordée au début de l’été par le gouvernement n’y aura donc rien fait. Cette somme devait servir à financer une prime mensuelle de 100 euros net dès le 1er juillet dernier - prime qui a bien été versée - ainsi qu’à employer des renforts pour l’été. « 70 millions en l’état des choses, c’est ridicule, déplore au Figaro Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences et infirmier à l’hôpital Lariboisière à Paris. C’est typique de la stratégie du gouvernement qui joue l’essoufflement », reprend-il. Son collectif réclame toujours plus de lits, d’embauches et de hausses de salaires.

Malgré l’arrivée des enveloppes destinées à financer les renforts de personnel sont arrivées le 14 août, le collectif Inter-Urgence, estime ce vendredi que « rien n’est encore effectif pour l’amélioration des conditions d’accueil ». Dans un communiqué publié sur Twitter, le collectif cite l’exemple d’un patient de 70 ans, qui a « stagné » aux urgences pendant 6 jours et 12 heures, à Saint-Quentin. Dans un hôpital du nord de Paris, le 15 août, les patients ont attendu 40 minutes en moyenne avant d’être accueillis par une infirmière, contre les cinq minutes habituellement conseillées. « Un patient est tombé dans le coma avant d’être vu, et a été transféré en réanimation », déplore Inter-Urgences. Dans ces conditions, « il est un peu présomptueux de déclarer que « les situations ont été réglées localement » », ajoute-t-il ensuite, acerbe, tout en appelant les soignants à se mobiliser dans les semaines à venir.

Ainsi, malgré une baisse notable de la mobilisation dans la capitale - seul territoire où la grève flanche — une assemblée générale y aura lieu à la rentrée, le 10 septembre. Quant à l’organisation d’une manifestation, Hugo Huon et le collectif Inter-Urgences n’ont encore rien programmé. Ils ont été approchés par la CGT pour manifester le 11 septembre mais aucune suite n’a pour le moment été donnée de leur part.

« Fédérer tout l’hôpital »
En deux décennies, la fréquentation des urgences a explosé. En 2017, on comptait 21,4 millions de passages enregistrés, soit deux fois plus qu’en 1996. Paradoxalement, le nombre de lits dans les hôpitaux a lui diminué de 20%, pour s’établir à environ 400.000. « On attend au tournant la fameuse solution d’Agnès Buzyn pour cela, reprend Hugo Huon. Si cela se finit par une ‘boîte à outils’ on va bien rigoler », prévient-il encore. En effet, dès la rentrée, la ministre de la Santé et des Solidarités a assuré hier qu’elle annoncerait de nouvelles mesures qui émanent des premières recommandations du député LREM Thomas Mesnier et du chef du Samu de Paris, Pierre Carli. Les deux hommes doivent rendre un rapport sur les structures d’urgences avant la fin novembre. On en connaîtra donc les premières pistes d’ici quelques jours.

Pendant ce temps, entre les nombreuses gardes de nuit et les concertations au sein de son collectif, Hugo Huon cherche à « élargir le mouvement aux médecins et à l’ensemble de la fonction hospitalière pour que cela ait plus d’impact ». « On doit essayer de fédérer tout l’hôpital », martèle-t-il, espérant que cela puisse « enfin » aboutir à quelque chose. « On nous dit qu’on a plus de moyens mais globalement on ne les a pas vus ». « Notre salaire est ridicule par rapport aux responsabilités que nous avons », argumente-t-il aussi.

Au micro de RTL mercredi, le maire de Fontainebleau et président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux semble également aller dans le sens d’un malaise global du service hospitalier. Il assure que tout cela « n’est pas une surprise ». « On le sait depuis des années, les tensions sont de plus en plus fortes à l’hôpital », fait-il remarquer. Il évoque également une crise du système de santé, due selon lui à la fragilité de la médecine de ville « qui vit une crise sans précédent ».