Les professionnels de santé

Le Généraliste - Contre les appels à la haine envers les médecins, un collectif réclame une réaction des pouvoirs publics

Septembre 2021, par Info santé sécu social

PAR AMANDINE LE BLANC - PUBLIÉ LE 07/09/2021

« Saisissez-vous de ce problème avant qu’un drame surgisse  ! » C’est le cri d’alarme aux autorités que veut pousser un regroupement de professionnels de santé et de scientifiques pour faire cesser les appels à la haine qu’ils subissent depuis le début de la crise sanitaire.

Ce mardi, le syndicat UFML, l’association Citizen4Science et le collectif FakeMed organisaient une conférence de presse commune pour dénoncer les menaces qu’ils reçoivent depuis des mois, intensifiées par la vaccination et le passe sanitaire, et l’inaction des pouvoirs publics. « Ferme-la collabo génocidaire », « C’est la corde qui t’attend », « Regardez derrière vous car un accident est très vite arrivé » … Ce n’est qu’un échantillon des menaces reçues quotidiennement par certains médecins et scientifiques sur les réseaux sociaux, quand l’hostilité ne va pas jusqu’à l’agression physique dans certains cas. « Cela fait des mois que nous sommes un certain nombre à recevoir des menaces de mort et à être la cible d’individus qui se font le relais de personnalités publiques qui les manipulent », souligne le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S. Pour ce collectif, le fait de trop a été un article de France Soir, du 22 août 2021, intitulé « Covid-19 (diagnostic, traitements, vaccin) : panorama d’une escroquerie ». L’article cible et nomme des responsables de la crise sanitaire et s’achève par ce que ces médecins considèrent comme un « appel au meurtre » à peine déguisé.

Une prise de position politique claire

Avec cette action collective, ces médecins et scientifiques souhaitent donc susciter « une prise de conscience citoyenne et une prise de position politique ». Car ils redoutent aussi qu’un jour quelqu’un mette en application ces menaces et « que ce soit un médecin, professionnel de santé anonyme, qui les subisse ». « Ça s’aggrave et tout ça pourrait se finir en Capitole », estime le Dr Damien Barraud, en faisant référence à l’envahissement de l’institution américaine après la dernière présidentielle.

Depuis le début de cette crise, les médecins s’inquiètent de la remise en cause de la parole scientifique de plus en plus virulente. « Nous avons essayé de faire passer un discours basé sur un fait scientifique qui est combattu par des personnes dont on a du mal à comprendre la raison profonde de leur opposition physique et verbale virulente », explique le Pr Karine Lacombe. « Les conspirationnistes ne sont pas des sceptiques, souligne le Dr Thomas C Durand. Ce ne sont pas des gens qui veulent qu’on leur dévoile des choses mais qu’on leur confirme qu’ils ont raison. Il faut cultiver le doute mais ne pas confondre avec le soupçon ».

Utilisation de l’article 40 du Code pénal

Au-delà des diverses plaintes déposées, ces médecins aimeraient que le gouvernement s’empare du sujet. « Ils se doivent de répondre », estime le Dr Marty qui s’étonne qu’aucun élu n’utilise l’article 40 du code de procédure pénale qui « impose l’obligation, pour toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire, dans l’exercice de leurs fonctions, de signaler des crimes ou délits dont il a connaissance ». « Il y a une responsabilité de l’État à montrer qu’il y a un discours déviant en termes de science », considère le Pr Lacombe qui dénonce le discours toujours ambigu de certains, à l’image du Président de la République et de sa sortie récente sur le Pr Raoult, qualifié de « grand scientifique » par le chef de l’État.