Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Généraliste - Coronavirus : Pas de FFP2 pour les généralistes qui devront se contenter de masques chirurgicaux

Mars 2020, par Info santé sécu social

Christophe Gattuso
| 03.03.2020

Les professionnels de santé de toute la France pourront se procurer à partir de ce mercredi en pharmacie des masques chirurgicaux par boîte de 50 sur présentation de leur CPS. C’est l’information qu’a communiquée mardi 2 mars le directeur général de la Santé (DGS) aux représentants des professions libérales (médecins généralistes et spécialistes, pharmaciens, dentistes, infirmiers...) lors d’une réunion téléphonique.

En attendant les 200 millions de masques chirurgicaux commandés par le Premier ministre pour l’ensemble des Français, un stock de 10 millions a été débloqué en urgence chez les répartiteurs que les pharmaciens vont recevoir ce mardi dans les zones les plus exposées et dans toute la France à partir de mercredi. C’est un peu moins que les 15 millions de masques initialement annoncés par le ministre de la Santé. Dans un premier temps, ce sont dix boîtes que recevra chaque pharmacie.

Chaque professionnel aura le droit de se procurer une boîte de 50 masques chirurgicaux et renouveler l’opération autant de fois que nécessaire. Ces masques seront à destination des personnes qui se présenteront dans les cabinets avec une toux et de la fièvre, afin de ne pas contaminer les autres patients de la salle d’attente, mais ils s’adressent aussi aux praticiens eux-mêmes, faute de disposer des masques FFP2 qu’ils réclament.

Comme l’a annoncé samedi le ministre de la Santé à l’issue d’un conseil des ministres exceptionnel, pour faire face à la pénurie, seuls les patients disposant d’une prescription médicale pourront se voir délivrer des masques chirurgicaux. Ceux-ci seront réservés aux patients immunodéprimés (notamment après une greffe) ou aux personnes les plus fragiles des zones clusters (diabète, obésité), a précisé le DGS aux professionnels de santé.

La DGS ne recommande plus les FFP2 pour les médecins libéraux

Ces derniers jours, les syndicats de médecins s’étaient élevés pour obtenir des masques FFP2, les plus adaptés contre les maladies respiratoires. Lors de la crise du H1N1 en 2009, tous les médecins libéraux avaient reçu à leur cabinet des masques FFP2. Mais faute de rupture de stock, et du fait des délais incompressibles de fabrication, la France ne les aura que dans plusieurs semaines, nous apprend un syndicaliste.

« Cela fait des jours que nous réclamons des masques FFP2, affirme le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Si l’on est confronté à une grande épidémie et si seuls sont hospitalisés les cas les plus graves et les patients les plus fragiles, il faudra que tous les soignants soient protégés. »

Dans de nouvelles consignes mises en ligne sur son site, la DGS recommande dorénavant aux médecins libéraux qui recevraient un patient présentant une toux et/ou des difficultés respiratoires et une fièvre de se laver les mains et s’il est en contact étroit (moins d’un mètre) avec le patient, de porter des gants à usage unique et un masque chirurgical (le même que le patient)... Plus trace du masque FFP2 qui était pourtant encore recommandé il y a quelques jours dans un guide de la DGS pour les soignants d’un patient classé « cas possible » ou « cas confirmé » (p.17).

Les médecins furieux

Ces consignes agacent la profession. « Il serait temps que le ministère reconnaisse le rôle du premier recours, s’énerve le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF). Nous ne sommes pas prêts. Nous n’avons pas de lunettes, pas de surblouses et pas de masques, comment faire des visites à domicile si on est équipé comme des pékins ? »

Dénonçant également l’iniquité de traitement entre la ville et l’hôpital à qui seront réservés les masques FFP2, le Dr Jérôme Marty, patron de l’UFML-S souligne par ailleurs qu’une boîte de 50 masques chirurgicaux permettra à peine aux médecins de travailler 3 ou 4 jours. « C’est totalement à côté de la plaque », a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Twitter. Nous devons avoir des moyens de protection dignes de ce nom pour faire face à l’épidémie. »