Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Généraliste - Coronavirus : l’Ordre a invité 40 000 médecins retraités à rejoindre la réserve sanitaire

Mars 2020, par Info santé sécu social

Pour tenter de limiter la propagation du coronavirus, les Ordres des médecins et des infirmiers, ainsi que Santé publique France, ont invité mardi les praticiens et infirmiers n’exerçant pas actuellement à rejoindre la réserve sanitaire.

Cet appel vise en priorité les professionnels « à la retraite depuis moins de cinq ans » ou « ayant décidé d’interrompre leur exercice pour convenance personnelle », précisent les deux Ordres et SPF dans un communiqué.

Sur Europe 1, le Dr Patrick Bouet, président de l’Ordre des médecins, a indiqué avoir écrit à 40 000 praticiens retraités pour les inviter à rejoindre la réserve sanitaire.

L’objectif ? « Augmenter la capacité d’intervention de la réserve sanitaire et lui donner les moyens nécessaires pour faire face à l’épidémie, notamment dans les Ehpad et les établissements de soins », indique le communiqué. Celui-ci ajoute qu’un « appel spécifique sera adressé aux jeunes professionnels médecins et infirmiers qui n’ont pas d’activité régulière afin qu’ils puissent, eux aussi, rejoindre la réserve sanitaire ».

Le Conseil national de l’Ordre national des médecins (Cnom) propose également à chaque praticien sans activité régulière de se rendre « disponible pour remplacer ou être adjoint auprès d’un médecin libéral ». « Dans tous les cas, le conseil départemental de l’Ordre des médecins auprès duquel vous êtes inscrit vous aidera dans vos démarches », précise le Cnom.

Des volontaires mobilisables à tout moment

Sollicitée déjà à sept reprises depuis le début de l’épidémie de coronavirus, la réserve sanitaire est composée de volontaires, soignants et non soignants, qui interviennent depuis une décennie en cas de crise sanitaire ou de catastrophe naturelle, en France comme à l’étranger. Le « corps de réserve sanitaire » a été créé par la loi du 5 mars 2007 « en vue de répondre aux situations de catastrophe, d’urgence ou de menace sanitaires graves sur le territoire national ».

Il est ouvert en premier lieu aux professionnels de santé (médecins, infirmiers, aides-soignants…) en activité ou retraités depuis moins de cinq ans, ainsi qu’aux internes et à certains étudiants en santé. D’autres personnels non soignants (secrétaires médicaux, cadres hospitaliers, psychologues…) peuvent également y participer.

À ce jour, 21 000 personnes y sont inscrites, mais « seuls 3 600 sont réellement engagées », dont 240 mobilisées dans le cadre de l’épidémie de coronavirus, indiquait sa responsable, l’ancienne députée socialiste Catherine Lemorton, mardi sur RMC. Les réservistes sont « volontaires et mobilisables à tout moment par le ministère ou les agences régionales de santé », mais ne sont « jamais contraints de partir », indique de son côté Santé publique France.

À chaque fois que les pouvoirs publics décident d’utiliser la réserve, cette agence nationale diffuse un « appel urgent à candidatures » et effectue leur sélection « dans des délais très courts ». Les salariés envoyés en mission — avec l’accord de leur employeur — bénéficient d’une « mise à disposition » ou d’un congé spécifique. Les autres perçoivent une indemnité en fonction de leur métier et de leur statut : 65 euros brut par jour pour un étudiant en santé, 250 euros pour un interne et jusqu’à 399 euros pour un médecin libéral.

200 missions, 20 pays

Près de 200 arrêtés « relatifs à la mobilisation de la réserve sanitaire » ont été publiés au Journal officiel depuis janvier 2009. Sollicitée avec parcimonie entre 2009 et 2013 (29 textes), elle a ensuite été utilisée à tour de bras entre 2014 et 2016 (105 textes), puis moins fréquemment depuis 2017 (59 textes).

La liste des missions raconte une décennie de crises, en France mais aussi dans une vingtaine d’autres pays. La première cause de recours à la réserve (31 textes) est ainsi l’épidémie d’Ebola, en Afrique de l’Ouest puis en République démocratique du Congo.

L’Outremer dans son ensemble (départements et territoires) est cependant la première destination (74 textes), autant en raison de virus tropicaux (dengue, chikungunya, zika), que de catastrophes (ouragan Irma, incendie du CHU de Guadeloupe) ou des carences du système de santé à Mayotte et en Guyane. En métropole, les aléas sanitaires (grippe, varicelle, rougeole, méningite) et climatique (canicule, plan grand froid) ont justifié moins d’interventions que les camps de migrants (14 textes) et les attentats (15 textes).

Dans le reste du monde aussi, les réservistes sont plus souvent intervenus sur des zones de conflits (Libye, Irak, Burkina Faso…) que de catastrophes (séismes, cyclones, accidents d’avion). À de rares occasions (huit textes), ils ont été appelés en renfort lors de grands événements (commémorations des guerres mondiales, sommet du G20, festivals).

(Avec AFP)