Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Généraliste - Covid-19 : des médecins alertent sur des inégalités d’accès à la vaccination

Février 2021, par Info santé sécu social

En confiant la gestion des prises de rendez-vous dans les centres de vaccination anti-Covid à Doctolib, Keldoc* et Maiia, l’État a pris le risque de pénaliser une partie de la population pas ou peu familière avec le numérique. Et a de fait créé une inégalité dans l’accès à la vaccination anti-Covid.

Le sujet a pris de l’ampleur ces derniers jours en raison notamment de la publication de plusieurs articles de presse. À tel point qu’à la suite d’une enquête parue dans le quotidien Libération sur la « fracture vaccinale » en Seine Saint-Denis, le Pr Alain Fischer, président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, a annoncé au micro de France Inter qu’une première réunion consacrée à cette problématique se tiendrait mercredi.

« Il y a des situations particulières problématiques. Ce qui se passe en Seine-Saint-Denis, semble-t-il, pose problème parce que malheureusement ce ne sont pas forcément les populations les plus fragiles, les plus exposées qui reçoivent les vaccins, parce qu’elles sont moins en contact avec le système de santé. Donc là, à l’évidence, il y a un travail à faire. Je le qualifierai de pro-activité, d’aller vers ces personnes pour qu’elles puissent aussi bénéficier de la vaccination », a-t-il confié.

Des systèmes de file d’attente mis en place

Si ces situations existent, de nombreux centres se sont toutefois organisés pour limiter ces inégalités. « Partout en France, confrontés aux défauts de ce système d’inscription, de nombreux centres de vaccination ont mis de côté une partie des rendez-vous disponibles pour les patients dans l’incapacité de trouver leur place dans le dispositif actuel », souligne MG France dans un communiqué. Mardi, à l’occasion d’une conférence de presse au cours de laquelle Doctolib présentait son module « Doctolib vaccination », la start-up a indiqué que sur les 154 000 rendez-vous en centre de vaccination pris lundi 15 février, plus de la moitié (53 %) l’avaient été par téléphone. Soit par des appels directs des patients aux centres, soit par les centres eux-mêmes pour des patients sur liste d’attente.

Une démarche proactive des généralistes

Alors que médecins libéraux pourront vacciner au cabinet à partir du 25 février, le problème devrait moins se poser. Les praticiens libéraux ne devraient en effet pas rendre immédiatement accessibles leurs rendez-vous de vaccination sur Doctolib, pronostique le patron de la start-up Stanislas Niox-Chateau. « Sur les deux à trois semaines à venir, les médecins vont contacter proactivement leurs patients (qui en ont le plus besoin, ndlr) en raison du faible nombre de doses », a-t-il expliqué. Et les médecins pourront gérer l’organisation de la vaccination anti-Covid au cabinet à leur guise, poursuit-il. Il sera ainsi possible pour eux de n’ouvrir les créneaux de rendez-vous de vaccination qu’à leur patientèle.

De son côté MG France suggère d’instaurer une nouvelle règle pour la répartition des nouvelles doses de vaccin, afin de « proposer une offre de vaccination vraiment équitable ». Selon le syndicat, une partie de ces doses doit être réservée au grand public et être accessible par les plateformes de rendez-vous en ligne, une seconde aux personnes repérées par les services sociaux et les CCAS et une dernière qui sera « proposée par les médecins traitants et par les professionnels de santé de proximité ». « Cette règle simple permet de croiser les informations les plus pertinentes issues des acteurs des territoires. Elle facilite le repérage des patients défavorisés et la prise de rendez-vous des patients sans accès à internet, explique MG France. Prioriser les plus faibles et les plus vulnérables est une exigence éthique et une nécessité en matière de santé publique. »