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Le HuffPost - Je n’ai pas voté pour la casse de l’hôpital public dont je suis un des médecins

Mai 2022, par Info santé sécu social

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"La Grande Démission menace nos services. Les lits continuent de fermer. Les Urgences continuent de ’déborder’", déplore ce médecin.

Par Philippe BizouarnMédecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes, membre du Collectif Inter Hôpitaux

Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode : concertation, écoute, participation citoyenne ? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute.

Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode : concertation, écoute, participation citoyenne ? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute. (photo d’illustration)

PRÉSIDENTIELLE - À la suite de notre appel à témoignages, Philippe Bizouarn nous a envoyé sa réaction, que nous avons choisi de publier séparément.

Je suis médecin à l’hôpital public. Je n’ai pas voté pour Emmanuel Macron et son programme néolibéral, mais contre l’extrême droite qui nous promettait la déchéance de notre humanité.

Je n’ai pas voté pour la casse de l’hôpital public, je n’ai pas voté pour la privatisation programmée de tous les services publics, je n’ai pas voté pour la disparition des biens communs – la santé, l’éducation, la justice –, mais j’ai voté pour que le programme haineux de Marine Le Pen ne puisse voir le jour.

Je n’ai pas voté, contrairement à ce que certains ministres ont pu dire, pour le projet de société indécente proposé par l’actuel gouvernement. Je n’ai pas voté pour que les inégalités continuent de s’aggraver dans notre pays.

Je n’ai pas voté pour que nos solidarités – déjà si fragiles –, disparaissent, envers nos vieux et nos plus jeunes, nos précaires et nos exclus.

Les médecins désespérés
Je suis médecin à l’hôpital public, et ne peux que constater la désespérance des travailleurs du soin, épuisés, ayant perdu le sens de leur travail, et quittant le navire pour un avenir à écrire. La Grande Démission menace nos services. Les lits continuent de fermer. Les Urgences continuent de “déborder”. En ces cinq années écoulées, ce qui a été fait n’a pas suffi, loin s’en faut ! Les milliards annoncés ne suffiront pas, loin s’en faut ! L’heure n’est plus aux applaudissements, mais à la nécessaire reconnaissance des métiers du soin, au sein des hôpitaux dits pour le moment publics.

Je suis membre du Collectif Inter Hôpitaux, et continuerai, avec ses membres et d’autres collectifs embarqués dans le mouvement de défense de l’hôpital public, de combattre les régimes d’austérité imposés à ces hôpitaux qui ne peuvent plus accueillir toute la misère du monde, par manque criant de moyens alloués et pourtant réclamés. Monsieur Macron devra compter sur nous pour lui rappeler que son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu. Monsieur Macron a annoncé dans sa campagne un changement de méthode : concertation, écoute, participation citoyenne ? Je me permets déjà d’en douter, tant les travailleurs du soin ont souffert de ces défauts d’écoute.

Le combat pour l’humanité du soin
Le collectif interprofessionnel dans lequel je suis engagé a lancé, dès le lendemain de l’élection, prévenant le futur gouvernement que les travailleurs du soin, de tout métier, sauront rester vigilants, sauront poursuivre leur combat pour l’humanité du soin à l’hôpital public, pour leur attachement à l’hôpital public, vigie au sein de la cité et des territoires délaissés de la République.

Dans l’attente des élections législatives, je m’engagerai, autant qu’il m’est possible, et avec les collectifs engagés, de faire part à mes concitoyens quelles sont les attentes des travailleurs du soin au service de toutes et de tous, pour une santé publique égalitaire.

Philippe Bizouarn
Médecin anesthésiste-réanimateur au CHU de Nantes, membre du Collectif Inter Hôpitaux