Maternités et Hopitaux publics

Le Quotidien du médecin - Déserts obstétricaux : Buzyn sort de sa manche « l’engagement maternité » et joue la carte des sages-femmes

Avril 2019, par Info santé sécu social

Anne Bayle-Iniguez
| 01.04.2019

La ministre de la Santé a dévoilé dans une tribune au « Journal du dimanche » son prochain chantier : « l’engagement maternité ». Alors que la colère gronde sur la fermeture de petites maternités, structures emblématiques de l’accès aux soins de proximité, Agnès Buzyn annonce qu’elle « généraliser[a] cette année le pack de services "Engagement maternité" garanti pour chaque femme dont le domicile se trouve à plus de 30 minutes d’une maternité ».

Remboursement des transports

Ce pack comprendra « le remboursement par l’assurance-maladie du transport sécurisé vers la maternité en urgence ou pas, de l’hébergement des femmes et de leur famille en hôtel près de la maternité quelques jours avant le terme de la grossesse si elles le souhaitent, et de toutes les consultations de la grossesse à domicile ou non suivant les besoins de chacune ».

La ministre indique vouloir aussi « donner aux sages-femmes un rôle de premier plan dans la prise en charge dans l’accompagnement des femmes enceintes qui vivent loin d’une maternité ». Une permanence de sages-femmes sera mise en place cette année « dans tous les territoires éloignés, l’équipement nécessaire sera systématiquement disponible et une sage-femme libérale formera localement les professionnels du SAMU à ce type d’intervention », a-t-elle précisé.

« Je veux être très claire : aucun service d’accouchement n’est fermé pour des raisons financières, nulle part en France », plaide-t-elle dans l’hebdomadaire dominical. Mais elle juge aussi que « maintenir localement une maternité sans médecins pour la faire tourner n’est ni un service à leur rendre ni l’idée que je me fais du service public ».

Les hôtels hospitaliers à la rescousse

Invitée de l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS) jeudi 28 mars, Agnès Buzyn avait déjà évoqué le sujet lors d’un échange sur les activités des hôpitaux de proximité. Selon le projet de loi de santé, adopté la semaine dernière en première lecture par les députés, ces 500 à 600 nouvelles structures labellisées seront dépourvues d’activité de chirurgie et d’obstétrique. Mais une série d’amendements du gouvernement a ouvert la possibilité, « à titre dérogatoire et lorsque les garanties de qualité et de sécurité des soins sont satisfaites », d’autoriser les hôpitaux de proximité à pratiquer « certains actes ciblés impliquant des procédures courtes, standardisées, à faible niveau de risque, et dont la liste serait validée par la Haute autorité de santé ».

Devant la presse, la ministre est allée plus loin en évoquant la possibilité de « déroger à la loi » « pour les activités de maternité et de chirurgie » « en fonction de certains critères, dont l’éloignement de ces hôpitaux ».

Détaillant le futur « engagement maternité », Agnès Buzyn a assuré que le remboursement des transports des parturientes dans ce cadre sera « pris en charge à 100 %, quel que soit le nombre d’aller-retour » entre le domicile et la maternité.

Concernant le volet hébergement, la ministre entend mobiliser les hôtels hospitaliers existant sur le territoire – 41 à ce jour – « dans les deux trois derniers jours avant l’accouchement » pour sécuriser la prise en charge.

Enfin, pour pallier la pénurie d’obstétriciens, Agnès Buzyn avait évoqué la possibilité de « contractualiser avec des sages-femmes libérales qui pourraient accompagner 24 heures sur 24 les parturientes, dans les ambulances par exemple ».