Luttes et mobilisations

Le Monde - Les aides-soignantes de la maison de retraite des Opalines, à Foucherans, mettent fin à leur grève

Juillet 2017, par Info santé sécu social

Par Florence Aubenas

Jeudi 27 juillet, à 17 heures, vient de s’achever une des plus longues grèves de France, à Foucherans, dans le Jura. Une dizaine d’aides-soignantes et de salariées des Opalines, un Ehpad privé (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), avaient débrayé le 3 avril contre leurs conditions de travail, notamment l’insuffisance de personnel.

« Le soir, on a 3 min 41 pour coucher chaque résident : on ne les met pas au lit, on les jette », témoignent les filles dans Le Monde. Elles parlent de culpabilité. « La nuit, je me réveille, je me sens complice », dit une autre. Les salaires sont de 1 350 euros net, avec deux week-ends travaillés. « Vous n’aurez rien, ni aujourd’hui, ni demain, ni jamais », leur avait annoncé un des directeurs du groupe.

Deux postes mais pas de reconnaissance

Assez vite, pourtant, l’Agence régionale de santé, qui finance le volet médical des maisons de retraite (y compris privées), avait accepté la création de deux postes supplémentaires aux Opalines. Mais, pendant des jours, les négociations continuent d’achopper sur ce qui peut paraître un détail, mais s’est transformé en symbole pour les grévistes : le paiement d’une prime exceptionnelle, autrement dit, un geste de la direction prouvant qu’elles en ont bavé pendant des mois.

« On voulait que notre travail et notre combat soient reconnus », explique Sylvie, une aide-soignante. En gros, la prime demandée est de 591 euros alors que la direction en propose 350. Rien d’autre. Cela fait longtemps que le mouvement a laissé tomber ses demandes d’augmentations de salaire (100 euros de plus). Les grévistes ne réclament même pas le paiement des quatre mois non travaillés. Juste cette fameuse prime de 591 euros.

« Ce n’est pas la fin du mouvement »

La semaine dernière, le conflit a commencé à prendre une tournure nationale : intervention à l’Assemblée nationale, deux députés – dont François Ruffin (Parti communiste-La France insoumise) – se déplacent à Foucherans, des réunions ont lieu au ministère de la santé… D’autres Ehpad commencent à se solidariser, un peu partout en France. « Les problèmes de personnels sont les mêmes partout », explique Albert Papadacci, représentant CGT du groupe Korian, lui aussi privé. Le groupe des Opalines (quarante-trois Ehpad en France) se décide enfin à nommer un médiateur, Vincent Chagué, maître de conférences en management à Limoges.

Jeudi, en fin d’après-midi, la prime est négociée à 450 euros net, mais assorties de trois semaines de congés payés tombées du ciel, auxquelles n’avaient même pas rêvé les grévistes. Elles reprendront le travail le 28 août. « Ce n’est pas la fin du mouvement, on continue à vouloir améliorer les conditions de travail au niveau national », dit Anne-Sophie Pelletier, leur porte-parole. Une conférence de presse rendra la fin du conflit officielle, vendredi à 11 heures, devant les Opalines de Foucherans.

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