Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde - Tests Covid-19 : une situation préoccupante

Septembre 2020, par Info santé sécu social

Tests Covid-19 : une situation préoccupante

Editorial. Alors que la hausse des contaminations s’accélère, l’intensification de la stratégie de dépistage des autorités a entraîné de sévères dysfonctionnements, qui montrent que l’ensemble du dispositif a atteint ses limites.

Publié le 07/09/2020

Editorial du « Monde ». Tester, tester et encore tester. Le mot d’ordre lancé par l’Organisation mondiale de la santé et repris par le gouvernement au sortir du confinement était présenté comme un levier essentiel pour contrôler une potentielle reprise de l’épidémie de Covid-19. Si les objectifs sur le nombre de tests sont atteints, les délais aussi bien pour procéder aux prélèvements que pour obtenir les résultats se sont substantiellement allongés depuis quelques semaines. L’efficacité de l’ensemble du dispositif s’en trouve affaiblie, alors que la progression des contaminations s’accélère depuis la fin août.

Le ministre de la santé, Olivier Véran, s’est félicité que 1 million de tests PCR Covid-19 soient désormais réalisés chaque semaine, soit un doublement des capacités par rapport au début de l’été. La disponibilité de cet outil avait cruellement fait défaut au démarrage de la pandémie. Mais l’intensification de la stratégie de dépistage se heurte maintenant à des limites logistiques préoccupantes. Un peu partout, des files d’attente interminables se forment devant les laboratoires, provoquant découragement, impatience et parfois colère.

La levée de la nécessité d’une prescription médicale pour accéder au test, la multiplication des demandes de certificat de la part des employeurs et des administrations pour attester d’une non-contagiosité ou simplement l’augmentation du nombre de personnes qui souhaitent se rassurer sur leur état de santé ont provoqué un engorgement mal anticipé, lequel crée des dysfonctionnements préoccupants.

Ces temps d’attente, qui atteignent désormais plusieurs jours, peuvent conduire à rater la fenêtre de tir pendant laquelle les malades sont hautement contagieux mais pas informés de leur positivité au test. D’autres se découragent et renoncent à se faire tester.

Discours décalé
Le dépistage tel qu’il est actuellement pratiqué ne fonctionne que si l’on teste de façon quasi exhaustive la population ciblée. Sinon, la probabilité est forte que les personnes asymptomatiques passent au travers des mailles du filet. L’approche actuelle des autorités – un prélèvement dans le nez suivi d’une analyse de chaque échantillon individuellement – a atteint ses limites, et, sans innovation, « tester, tester, tester », ne sera plus qu’un vœu pieux.

Le prélèvement salivaire permettrait de simplifier la démarche, là où le prélèvement nasal est un obstacle, faute de personnel qualifié pour le réaliser, ou parce que ce geste invasif est dissuasif. Il économiserait aussi un matériel précieux – écouvillons, masques, surblouses – qui pourrait à nouveau manquer. Or, les essais pour valider la méthode ne font que commencer en France. Autre piste, les analyses groupées (« pooling »), qui font partie des solutions déjà adoptées dans d’autres pays pour économiser les précieux réactifs.

Des tests virologiques bien plus rapides que le PCR sont aussi en passe d’être commercialisés en Europe : la France s’est-elle mise en ordre de bataille pour les évaluer et sécuriser des quantités suffisantes pour les déployer le cas échéant ? Enfin, de plus en plus de praticiens demandent de se concentrer sur les cas symptomatiques et/ou ayant été en contact avec des malades.

Il est urgent d’envoyer un message clair aux Français sur l’objectif des tests. Le ministre de la santé affirme que l’accès va s’améliorer d’ici à quelques semaines. Un discours qui se veut rassurant, mais qui paraît décalé avec une rentrée compliquée. Cette pandémie est une course contre la montre : chaque semaine perdue peut être catastrophique.