Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : A Toulouse, les hôpitaux activent un premier niveau de réorganisation

Octobre 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : A Toulouse, les hôpitaux activent un premier niveau de réorganisation

Le plan « hôpital en tension » a été officiellement activé dans les CHU de Purpan et Rangueil, lundi, pour se préparer à une remontée des cas de Covid-19, mais les équipes s’estiment mieux préparées qu’au printemps.

Par Philippe Gagnebet

Publié le 30/09/2020

Expérimenté le week-end du 26 et 27 septembre, le plan « hôpital en tension » a été officiellement mis en œuvre lundi 28 septembre dans les services d’urgences des Centres hospitaliers universitaires (CHU) de Purpan et Rangueil à Toulouse. En région Occitanie, le taux de tests positifs au Covid-19 atteignait 6,6 % au 25 septembre, et on dénombrait 7 934 cas supplémentaires sur une période de sept jours, selon l’agence régionale de santé. Les mots d’ordre de ce plan : « Prioriser, répartir, fluidifier. » Les urgences de Purpan et Rangueil ont dû se réorganiser en deux filières : le premier site destiné aux patients en situation de détresse respiratoire ; le deuxième, à toutes les autres urgences. Pour toute bobologie [des maux bénins], le public est prié de contacter son médecin traitant, ou de se rendre dans des cliniques privées.

Au CHU Purpan, qui compte 15 000 salariés sur plusieurs sites, la professeure Sandrine Charpentier, chef de service des urgences, précise toutefois que « depuis samedi dernier, on ne refuse pas les gens, mais l’infirmière d’orientation et d’accueil les reçoit et les aiguille ». En cette période de début de grippe et de rebond épidémique du Covid-19, « nous voulons continuer à prendre en charge les patients qui nécessitent une hospitalisation pour un motif lié au Covid ou non », précise la professeure Charpentier. Mardi 29 septembre, 85 patients positifs au Covid-19 étaient hospitalisés dans l’établissement, dont 15 en soins intensifs ou en surveillance continue et 20 en réanimation. Chaque jour, on constate une vingtaine d’entrées et autant de sorties de ces services.

« Plus de peur ni d’appréhension »
De fait, les couloirs des urgences de Purpan connaissent une activité classique. A cette période de l’année, environ 320 personnes par jour se rendent en moyenne aux urgences des deux CHU, dont les deux-tiers à Purpan. « L’activité du week-end écoulé a même été étonnamment calme », selon Vincent Bounes, patron du SAMU toulousain. Une baisse d’activité qui pourrait toucher les opérations ou interventions prévues. Dès lors qu’il n’y a pas de caractère d’urgence pour les patients « habituels » et que cela n’induit pas de risque pour eux, des déprogrammations ciblées pourront être décidées, dans la limite de 20 % des actes et des hospitalisations prévus. A titre de comparaison, durant le plan blanc activé au printemps, ce taux de déprogrammations frisait les 50 %.

A Toulouse, un nouveau plan blanc ne serait pas encore envisagé, mais le programme « hôpital en tension » fait figure de première réorganisation importante. Dans le service de réanimation, le « secteur Covid » va passer de 16 à 20 lits. « Là, on monte en tension, mais les flux sont plus fluides », constate la docteure Béatrice Riu-Poulenc, chef du service. Derrière les grandes baies vitrées de chaque box, surveillés constamment, on ne pratique plus non plus d’intubation systématique. « Ce sont les mêmes malades et le même virus que lors de la crise printanière. Mais nous sommes mieux préparés, mieux équipés, plus nombreux », veut rassurer Béatrice Riu-Poulenc.

Même ton rassurant et calme affiché un étage au-dessus, dans le service des maladies infectieuses et tropicales. « Nous savons que nous sommes partis pour plusieurs mois, dans l’attente d’un vaccin éventuel. Nos équipes sont mieux entraînées, nous sommes prêts », affirme le professeur Pierre Delobel. S’il avoue que le corps médical se trouve fort démuni sur le plan des antiviraux, il défend « l’usage de la corticothérapie précoce – des corticoïdes à faibles doses – qui donne de bons résultats ». A Purpan, en outre, les personnels soignants vont se faire vacciner contre la grippe. Mardi, les visites aux patients étaient toujours interdites. Cependant, certaines dérogations peuvent être accordées concernant la pédiatrie, les femmes enceintes, ou les personnes en fin de vie. Ce qui donnait des airs bien calmes à l’hôpital de Purpan, malgré sa mise sous tension.

Philippe Gagnebet(Toulouse, correspondance)