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Le Monde.fr : Covid-19 : Emmanuel Macron esquisse un déconfinement prudent

Avril 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : Emmanuel Macron esquisse un déconfinement prudent

Le chef de l’Etat a prévenu des maires réunis en visioconférence, mardi, qu’il ne comptait pas desserrer l’étreinte trop vite, alors que la France flirte avec le seuil des 6 000 patients en réanimation.

Par Olivier Faye et Alexandre Lemarié

Publié le 28/04/2021

Qui pourra rouvrir, et quand ? La Charente sera-t-elle logée à même enseigne que Paris, et le Finistère que les Alpes-Maritimes ? Parler du plan de déconfinement de l’exécutif revient à s’engager dans un dédale sans fil d’Ariane. A l’origine, la promesse se voulait simple : le confinement devait durer quatre semaines, puis les terrasses et « certains lieux de culture » rouvrir « dès la mi-mai », comme l’avait assuré Emmanuel Macron lors de son allocution, le 31 mars. Ensuite, « à partir de la mi-mai », « un calendrier de réouverture progressive » devait être égrené jusqu’au « début de l’été (…) pour la culture, le sport, le loisir, l’événementiel, nos cafés et restaurants », ainsi que les commerces, avait précisé le chef de l’Etat, suscitant l’espoir de milliers de professionnels. Mais à l’approche de l’échéance, et alors qu’un nouveau conseil de défense sanitaire est prévu mercredi 28 avril, l’exécutif tâtonne.

Lors d’un échange en visioconférence avec dix maires de petites et moyennes communes, mardi, Emmanuel Macron a tenté de baliser le chemin. Non, le déconfinement ne sera pas territorialisé, leur a-t-il affirmé. En revanche, « s’il s’avère que sur tel ou tel territoire nous retrouvons une circulation importante du virus, on pourra resserrer localement », a prévenu le président de la République, selon des propos rapportés par plusieurs participants. La levée des contraintes devrait toutefois comporter un volet territorial, avec une réouverture des restaurants et de certains lieux culturels conditionnée au taux d’incidence enregistré dans chaque département. « Je pense qu’on ne peut pas rouvrir les restaurants, disons fin mai ou en juin, dans des départements où ça circule encore beaucoup », avait prévenu le chef de l’Etat, lundi, lors d’un déplacement à Melun (Seine-et-Marne).

Pas question d’entretenir l’idée d’un grand soir au moment où la France flirte avec le seuil des 6 000 patients en réanimation – le plus haut niveau enregistré depuis un an – et que plus de 30 000 nouveaux cas de Covid-19 sont décomptés chaque jour. Mardi, Emmanuel Macron a prévenu les maires qu’il ne comptait pas desserrer l’étreinte trop vite : le couvre-feu à 19 heures sera prolongé jusqu’à la mi-mai. « Il pourrait être maintenu jusqu’à fin juin, mais un peu plus tard », rapporte même Julie Arias, maire de Lançon-Provence (Bouches-du-Rhône), qui a participé à l’échange avec le chef de l’Etat. M. Macron avait déjà promis, lundi, d’« essayer » de décaler l’heure du couvre-feu, « un peu, car 19 heures c’est très tôt ».

Réouverture en trois étapes
Le locataire de l’Elysée avait alors esquissé une réouverture du pays en trois grandes étapes, pour « donner de la visibilité jusqu’à juillet ». D’abord le 3 mai, avec la fin des restrictions de déplacements autour de son domicile et le retour des collégiens et des lycéens dans les salles de classe, une semaine après celui des élèves d’école élémentaire. Une deuxième étape doit être franchie autour de la mi-mai avec l’ouverture des terrasses, de certains lieux de culture et d’une partie des commerces. Enfin, le mois de juin doit en théorie marquer le retour des restaurants et des salles de sport. Mais, de l’avis d’un conseiller de l’Elysée, « le diable se cache dans les détails » : « Quelle date, quelle jauge, quel rythme… Tout n’est pas encore calé. Est-ce qu’on n’aura pas des phases de réouvertures sur plusieurs semaines ? »

Emmanuel Macron avance à pas comptés. « Ce qu’on veut faire, c’est y aller tout doucement pour éviter que [l’épidémie] reparte », assurait-il lundi. Le rythme du déconfinement sera ainsi dicté par les indicateurs épidémiologiques et le taux de vaccination. Tous les quinze jours, l’exécutif fera un bilan de la situation sanitaire avant de donner son feu vert pour de nouveaux relâchements. « Le pire serait de rouvrir trop vite et d’être obligé de tout refermer trois semaines plus tard à cause d’une nouvelle flambée du Covid… Cet effet boomerang, on pourrait le payer très cher », redoute un macroniste du premier cercle.

Une concertation doit être menée par les préfets avec les élus locaux et les acteurs économiques afin de travailler aux modalités du calendrier ; ils devraient rendre leurs travaux le 10 mai. M. Macron entend dévoiler son plan aux Français « soit en fin de semaine, soit dans dix jours au plus tard », a-t-il annoncé aux maires, mardi soir. Une interview ou une conférence de presse sont envisagées. Le coup d’envoi de la réouverture sera donné « dix ou quinze jours » plus tard, selon un conseiller.

« Manque de clarté »
En attendant, commerçants et restaurateurs pestent contre un « manque de clarté ». « A ce jour, nul ne sait avec certitude qui va pouvoir rouvrir, à quelle heure et dans quelles conditions », ont regretté les principales fédérations du commerce et quelque 150 patrons de réseaux d’enseignes, qui réclament « un délai de prévenance » afin de pouvoir se préparer dans de bonnes conditions. La question de la date exacte de réouverture des commerces et restaurants donne lieu à un bras de fer entre le Medef, qui pousse pour le 10 mai, et le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui maintient la date du 15 mai, conformément à « l’horizon qui a été fixé par le président ».

Le rythme de la vaccination, de son côté, paraît satisfaire l’exécutif, qui envisage d’ouvrir son accès aux personnes de tous âges souffrant de surpoids. Le gouvernement travaille par ailleurs à ce que les prises de rendez-vous ne soient plus nécessaires à partir de la mi-mai, a assuré Emmanuel Macron aux élus locaux. « Nous aurons besoin de vaccins pour la fin 2021, et probablement de rappels et d’autres vaccins pour faire face aux variants », avait-il prévenu, le 18 avril, lors d’une interview à la chaîne américaine CBS. Une certitude guère réjouissante. Mais par les temps qui courent, les certitudes ne sont pas si nombreuses.