Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : Emmanuel Macron veut rassurer à propos de la campagne de vaccination en France

Février 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : Emmanuel Macron veut rassurer à propos de la campagne de vaccination en France

Le chef de l’Etat a promis que « tous les Français adultes qui le souhaitent » seraient vaccinés d’ici à la fin de l’été. Une promesse qui vise surtout à battre en brèche les critiques sur les lenteurs en France.

Par Olivier Faye

Publié le 2/02/2021

L’engagement est pris. Mardi 2 février, lors d’un entretien surprise au journal de « 20 heures » de TF1, Emmanuel Macron a promis que « d’ici à la fin de l’été, nous aurons proposé à tous les Français adultes qui le souhaitent un vaccin ».

Une manière d’essayer de donner des perspectives positives dans une période dominée par les lourdes incertitudes que font planer les variants du Covid-19, en particulier celui en provenance du Royaume-Uni. Mais cette promesse du chef de l’Etat vise surtout à essayer de battre en brèche les critiques récurrentes des dernières semaines sur les lenteurs de la campagne de vaccination en France.

Cet objectif qu’il se fixe pour la fin de l’été, « c’est exactement le même rythme, la même solution, que nos voisins allemands et que nos autres voisins européens », a assuré M. Macron. Il appuie ainsi son ministre de la santé, Olivier Véran, qui évoquait un calendrier similaire, contrairement au président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, nettement moins optimiste en la matière. « D’ici à la fin de l’été, on aura vacciné 40 % de la population française, pas plus », estimait l’infectiologue, le 24 janvier, sur BFM-TV.

A l’heure actuelle, 2,3 % de la population française a reçu une première dose de vaccination, contre 3 % en Allemagne et 3,4 % en Italie. Des chiffres bien maigres en comparaison de ceux d’autres pays, qui grimpent à 9,6 % aux Etats-Unis ou à 14,4 % au Royaume-Uni, pour atteindre carrément 57,6 % en Israël. « Cela peut paraître trop lent par rapport à d’autres pays, qui avaient fait d’autres paris, qui sont aussi des pays, comme le Royaume-Uni, qui sont des îles, et peuvent fonctionner différemment, ou les Etats-Unis, qui ont acheté massivement les premiers vaccins », a convenu M. Macron, mardi soir.

Trop peu de vaccins, et trop tard
Mais la campagne française « se déroule au rythme qui était prévu », s’est-il défendu. « Début mars, nous aurons vacciné l’ensemble des pensionnaires de maisons de retraite qui l’ont souhaité », a affirmé le chef de l’Etat, soit 80 % des résidents, ainsi que « les plus de 75 ans ». Lors d’une conférence organisée à la Sorbonne, vendredi, le « Monsieur vaccins » de l’exécutif, Alain Fischer, évoquait de son côté un horizon plus proche pour les habitants des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), au 15 février.

Cette interview présidentielle est donnée dans un contexte de fortes critiques contre la Commission européenne, accusée d’avoir acheté trop peu de vaccins, et trop tard, pour le compte des Etats membres de l’Union européenne (UE). Le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca a notamment semé l’effroi après avoir annoncé qu’il pourrait ne livrer que le tiers de la commande qu’il était censé honorer. Le chef de l’Etat monte donc au front, dans la foulée de la chancelière allemande, Angela Merkel, pour tenter de rassurer sur l’approvisionnement du Vieux Continent en doses de vaccins.

« Je défends la stratégie que nous avons adoptée avec l’Allemagne, avec l’UE, qui est de vacciner en Européens, a affirmé M. Macron. Nous ne pourrons vaincre le virus que si dans tous les pays de l’Europe où nous circulons librement, nous arrivons à avoir au même rythme, la même campagne de vaccination. »

Mardi, en fin d’après-midi, il réunissait en visioconférence à l’Elysée des représentants de laboratoires pharmaceutiques afin de trouver, selon ses mots, « les voies et moyens d’améliorer l’offre de production en France et en Europe, à court terme ». « Aujourd’hui, notre contrainte, c’est notre capacité à produire ces vaccins en grande quantité », reconnaît-il.

L’espoir d’une sortie de crise
A la sortie, Emmanuel Macron a annoncé que « dès fin février-début mars, nous aurons des sites qui, en France, vont produire le vaccin ». Ils seront au nombre de quatre. Le laboratoire français Sanofi devrait par ailleurs convertir un de ses sites basé en Allemagne afin de produire les vaccins de ses concurrents Pfizer-BioNtech et Moderna, basés sur la technologie de l’ARN messager.

Enfin, le chef de l’Etat s’est déclaré ouvert à ce que les autorités sanitaires françaises et européennes évaluent la possibilité de faire appel au vaccin russe Spoutnik, qui semble « indiquer une très forte efficacité ». « Nous ne pouvons pas le distribuer en France tant que le producteur russe n’a pas soumis une autorisation de mise sur le marché à nos autorités », a néanmoins précisé M. Macron. Quant au vaccin d’AstraZeneca, que la Haute Autorité de santé déconseille pour les plus de 65 ans en raison d’« un manque de données », il sera proposé en priorité aux personnels soignants de moins de 60 ans, puis à toute la population par tranches d’âges décroissantes.

Après avoir laissé son premier ministre, Jean Castex, annoncer vendredi 29 janvier de nouvelles mesures restrictives pour lutter contre l’épidémie, Emmanuel Macron entend être celui qui dessine l’espoir d’une sortie de crise.

Mais le chef de l’Etat a aussi conscience que c’est à lui qu’incombera la nécessité d’annoncer un éventuel reconfinement dans les jours ou les semaines à venir face à la menace des variants du Covid-19. En Ile-de-France, ces derniers représentaient « 15 %-20 % [des cas] la semaine dernière », s’est inquiété sur Franceinfo le président de la commission médicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Rémi Salomon.

Mardi soir, 23 000 nouveaux cas avaient été répertoriés au total en vingt-quatre heures, un chiffre relativement stable depuis plusieurs jours.

La menace des variants
« Ça n’est pas notre stratégie de vaccination qui nous permettra d’éviter à court terme un reconfinement ou non, a reconnu Emmanuel Macron. Chaque jour, nous vérifions les chiffres, chaque jour nous suivons la situation. Elle est extrêmement tendue. » Il s’est dit néanmoins soucieux de « protéger au maximum notre jeunesse, qui a besoin d’étudier, d’aller à l’école, d’avoir un pays le plus ouvert possible malgré le virus ».

Mais ces variants ne font pas peser qu’une menace de court terme. En termes de vaccination, « on doit tout de suite prévoir ce qu’on doit produire à l’automne-hiver prochain pour faire face à une éventuelle évolution du virus », a averti le locataire de l’Elysée. Façon de prévenir : la crise sanitaire pourrait bien encore durer en 2022.