Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : « Le passe vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale », assume Olivier Véran

Décembre 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : « Le passe vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale », assume Olivier Véran

Interrogé par le média Brut sur la différence entre passe vaccinal et obligation vaccinale, le ministre de la santé a assumé le choix du gouvernement, estimant qu’il était plus efficace.

Le Monde avec AFP

Publié le 17/12/2021

C’est la première fois qu’il l’énonce aussi clairement. Au lendemain de l’annonce du premier ministre, Jean Castex, de la mise en place d’un passe vaccinal, le ministre de la santé, Olivier Véran, interrogé samedi 18 décembre par le média en ligne Brut sur la différence entre passe vaccinal et obligation vaccinale, a répondu : « Le passe vaccinal est une forme déguisée d’obligation vaccinale, mais c’est plus efficace qu’une obligation vaccinale. »

Et de préciser : « Empêcher les gens d’aller dans des bars, des restaurants, des lieux qui reçoivent du public s’ils ne sont pas vaccinés, c’est plus efficace que leur mettre une amende de 100 euros quand on les attrape dans la rue. Encore une fois l’idée n’est pas de punir, de sanctionner, d’ostraciser, mais de dire “maintenant on n’a plus le choix”, on n’hésite plus parce qu’on ne peut pas remplir nos hôpitaux, on ne peut pas continuer à vivre comme ça sous la menace de vagues épidémiques parce que cinq millions de Français ne font toujours pas le choix de se protéger. »

Comme il l’avait suggéré dans la matinée au micro de France Inter, le ministre a également déclaré que la question de la mise en place du passe sanitaire pour avoir accès à son lieu de travail était à l’étude. « C’est aux députés et aux sénateurs de se prononcer sur la question. Dans ce cas-là, évidemment, on n’a pas envie d’empêcher les gens d’aller travailler. S’ils réalisent un test quotidien, ils pourraient continuer d’aller travailler. C’est une contrainte de plus que nous assumons, notre objectif est que les gens se protègent. »

Sur France Inter samedi, le ministre de la santé avait également jugé utile de « reposer la question du contrôle d’identité associé au contrôle du passe », « parce qu’il y a trop de fraudes ».

« C’est simple, c’est clair, c’est limpide, c’est assumé : nous voulons que les Français se fassent vacciner », avait-il martelé, annonçant que le gouvernement allait « faire appel, pour renforcer les centres » de vaccination, « à des militaires, qui vont pouvoir se former, mais également et surtout à des gens qui sont titulaires d’un brevet de secourisme ». « C’est plus d’un million de Français », a-t-il précisé. Les titulaires d’un brevet de secourisme seront formés puis rémunérés 25 euros de l’heure, selon le ministère.

M. Castex avait annoncé vendredi plusieurs nouvelles mesures, dont un projet de loi en janvier visant à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal. Concrètement, pour entrer dans les lieux soumis à ce passe (restaurants, lieux de culture, de loisirs…), un test négatif ne suffira plus : il faudra forcément avoir été vacciné (ou guéri du Covid-19) et avoir reçu une dose de rappel. « La question se pose pour les transports type TGV et avion, a ajouté le ministre de la santé à Brut, ce sera aux parlementaires d’en décider », au moment de l’examen du projet de loi.

En visite dans un vaccinodrome au Mans et au centre hospitalier de cette ville samedi, le chef du gouvernement a échangé avec plusieurs personnes venues se faire vacciner, pour l’essentiel des doses de rappel. M. Castex s’est notamment enquis auprès de plusieurs de ses interlocuteurs de la demande pour de premières doses de vaccination ainsi que des motivations des réfractaires à la vaccination, et dit espérer que « les décisions annoncées » vendredi aient « pour effet de les décider un peu plus ».

Le ministre de la santé, Olivier Véran, a par ailleurs indiqué samedi matin que la vaccination serait offerte à tous les enfants de 5 à 11 ans à partir de mercredi 22 décembre « si tout va bien ».

Marine Le Pen dénonce un « plus grand enfermement » des Français
Au lendemain des annonces du premier ministre, la candidate du Rassemblement national (RN, extrême droite) à l’élection présidentielle, Marine Le Pen, a regretté « un plus grand enfermement des Français », pendant un déplacement à Mayotte. « C’est donc une obligation vaccinale. Ce qu’on nous a absolument promis de ne pas faire est en train de se réaliser (…), toujours dans le sens d’un plus grand enfermement des Français, d’une perte de plus en plus lourde de nos libertés individuelles », a affirmé devant la presse Mme Le Pen, qui était déjà opposée au passe sanitaire.

Elle a fustigé « l’incurie du gouvernement, qui a supprimé 5 700 lits en pleine crise sanitaire, qui a mis au ban 15 000 soignants interdits de travailler parce qu’ils n’étaient pas vaccinés même s’ils démontraient par des tests qu’ils n’étaient pas porteurs du virus ».

Mme Le Pen a aussi jugé la situation « très inquiétante » pour « la démocratie [et] la suite de la campagne » présidentielle. Le RN a prévu un grand meeting à Reims à la mi-janvier puis des réunions publiques de taille plus modeste.

Interrogée sur les patients en réanimation – qui, pour la majorité, ne sont pas vaccinés –, elle a répondu : « Qu’il y ait des gens qui soient en réanimation est une chose, mais qu’on soit obligé d’enfermer les gens, de les menacer de mort sociale s’ils ne sont pas vaccinés et qu’ils ne sont pas porteurs » en est une autre. « Ceci n’a pas de sens sanitaire », a estimé la responsable d’extrême droite. « Il y a là, encore une fois, la démonstration de l’amateurisme, de l’incurie et peut-être même du cynisme du gouvernement. »

Le gouvernement est « dans son rôle », juge Taubira
Samedi, Christiane Taubira, possible candidate à la présidentielle, a estimé que le gouvernement était « dans son rôle » quand il choisit le passe vaccinal plutôt que la vaccination obligatoire, mais qu’il devait « assurer les moyens en effectifs et en capacité d’accueil et de soins qui conviennent aux choix politiques qu’il fait ».

En visite dans la ville francilienne de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) au lendemain de sa vidéo où elle dit « envisager » une candidature en 2022 pour rassembler à gauche, l’ancienne ministre de la justice a souligné que le gouvernement disposait d’un « comité scientifique qui lui permet de faire les meilleurs choix parce que, évidemment, il n’y a pas des éléments objectifs, scientifiques, matériels ».

Mélenchon dénonce des « méthodes brutales »
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a qualifié « d’erreur » la volonté de régler la crise sanitaire « par des méthodes brutales ». « Je dis à M. Castex qu’il a tort de tout concentrer sur la question de la vaccination », a affirmé le candidat La France insoumise (LFI) à la présidentielle, sur TF1, depuis la Martinique où il se trouve en visite, rappelant que les vaccinés peuvent avoir le Covid-19 et contaminer d’autres personnes.

« C’est une erreur de ne penser qu’à des méthodes brutales pour essayer de régler un problème », a-t-il réagi après les annonces du premier ministre, à qui il reproche de croire que « le vaccin à lui tout seul va nous libérer ». Le candidat LFI a également exprimé ses craintes que le passe vaccinal « ne fasse que tout aggraver » aux Antilles, où l’obligation vaccinale pour les soignants a provoqué des troubles au cours des derniers mois.

« La tension est extrême et naturellement cette décision sera très mal reçue », a-t-il prévenu, plaidant pour des « tests gratuits pour que les gens puissent, en pleine responsabilité, décider de leur participation ou non à des réunions de famille pendant les deux réveillons ». « Je pense qu’il faut prendre en compte l’ensemble des moyens qui permettent de faire face », a-t-il ajouté.

Le Monde avec AFP