Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : l’exécutif s’inquiète pour le Grand-Est, la Bourgogne-Franche-Comté et les Alpes-Maritimes

Décembre 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : l’exécutif s’inquiète pour le Grand-Est, la Bourgogne-Franche-Comté et les Alpes-Maritimes

Ces trois régions enregistrent des taux d’incidence très importants. Certains élus appellent à des reconfinements locaux.

Par Delphine Roucaute et Sofia Fischer

Publié le 28/12/2020

A mi-chemin entre le 24 et le 31 décembre, l’exécutif garde les yeux rivés sur l’évolution des indicateurs de l’épidémie de Covid-19 en France. « Le virus circule encore trop, a mis en garde Olivier Véran dans les colonnes du Journal du dimanche (JDD). 15 000 contaminations détectées par jour en moyenne, alors qu’on était descendu à 11 000… L’objectif des 5 000 s’éloigne. »

A tel point que le gouvernement n’exclurait pas un éventuel reconfinement. « Nous n’excluons jamais des mesures qui pourraient être nécessaires pour protéger des populations. Ça ne veut pas dire qu’on a décidé, mais qu’on observe la situation heure par heure », a avancé le ministre de la santé dimanche.

Une éventuelle flambée de l’épidémie à la faveur des retrouvailles familiales de Noël ne pourra commencer à se lire dans les indicateurs qu’aux alentours du 5 janvier, notamment au niveau des hospitalisations.

Mais, déjà, les taux d’incidence inquiètent depuis une dizaine de jours. La France apparaît scindée en deux, entre une moitié Ouest enregistrant majoritairement une incidence inférieure à 150 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants, et une moitié Est affichant des taux d’incidence allant jusqu’à 357 pour 100 000 habitants dans les Ardennes, 337 en Meurthe-et-Moselle ou 341 dans les Alpes-Maritimes.

Dans le Grand-Est, la situation épidémique s’est fortement dégradée depuis le début du mois. « Du 14 au 20 décembre, 12 760 nouveaux cas [de Covid-19] ont été enregistrés, soit une augmentation de 70 % en trois semaines », a averti l’Agence régionale de santé (ARS) le 24 décembre. Ainsi, 1 340 nouveaux patients atteints d’une forme grave de la maladie ont été hospitalisés (+ 31 % par rapport à la semaine précédente), dont 155 en réanimation (+ 57 %). « L’activité Covid-19 des établissements de santé est désormais similaire à celle enregistrée la semaine juste avant le début du deuxième confinement », conclut l’ARS dans un communiqué.

Situation très tendue
A Nancy, en particulier, le taux d’incidence est le deuxième plus élevé de France, à 310 nouveaux cas par semaine pour 100 000 habitants. A la mi-décembre, le centre hospitalier régional universitaire (CHRU) a dû déclencher son plan blanc et commencé à déprogrammer jusqu’à 50 % de ses interventions pour prioriser les malades du Covid-19.

Cette situation très tendue a poussé le maire (Parti socialiste) de la ville et président de la métropole Mathieu Klein à demander un reconfinement régionalisé « dès après le week-end qui suit Noël pour limiter la circulation [du virus] et éviter un nouveau confinement [national] qui sera de toute façon dramatique ». « Plus on attend, plus les décisions tardent, plus l’impact à la fois sur la santé des habitants et sur l’hôpital va être fort et déflagrateur », a-t-il plaidé sur France 3 le 22 décembre.

Même son de cloche du côté du maire (Les Républicains, LR) de Reims (Marne), Arnaud Robinet, qui suggère un reconfinement territorialisé après Noël. Le président (LR) de la région, Jean Rottner, après s’être exprimé en faveur d’un « reconfinement court » qui permettrait de faire « rechuter les courbes », s’est entretenu dimanche soir avec Olivier Véran. « Rien n’est exclu », a fait savoir M. Rottner au Monde à l’issue de cet échange, y compris un reconfinement généralisé ou un couvre-feu différent ciblant les universités.

L’exécutif est en effet inquiet de la situation dans « la région Grand-Est, la Bourgogne-Franche-Comté et le département des Alpes-Maritimes, à commencer par Nice », a fait savoir Olivier Véran dans le JDD. « Les élus ont raison de se mobiliser : nous ne pouvons pas nous permettre de laisser flamber l’épidémie à nouveau. Nous prendrons les mesures nécessaires si la situation devait s’aggraver. »

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Selon le groupe de modélisation de l’équipe de recherche Evolution théorique et expérimentale (ETE), des reconfinements décidés dès le lendemain de Noël ou le 2 janvier auraient « un effet relativement comparable à l’horizon du 1er février », avec environ 2 000 personnes en soins intensifs.

Pic épidémique majeur à Nice
A Nice, cela fait plusieurs jours que le nombre de nouveaux cas s’envole et que la tension hospitalière s’intensifie. Jusque-là plutôt épargnée par le Covid-19 par rapport aux autres grandes métropoles, la ville connaît un pic épidémique majeur.

Le département tout entier enregistre un taux d’incidence plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale. Il était de 340 le 23 décembre, selon l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France (SpF), indiquant que la situation est désormais similaire à celle de fin octobre, au début du deuxième confinement, sans que cela ne soit lié à une politique de dépistage massive.

A Nice, la semaine de Noël a compté quinze admissions supplémentaires en réanimation, soit un total de 57 lits occupés au sein du service Covid-19. Le taux de positivité s’est rapproché des 7 %, contre à peine 5,5 % juste avant Noël.

L’enjeu de la semaine à venir est de savoir si les Français auront respecté les préconisations gouvernementales pendant les fêtes. Selon l’enquête SpF-CoviPrev réalisée du 14 au 16 décembre, 83 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles allaient fêter Noël avec au maximum six adultes, tout comme 92 % au Nouvel An.