Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : la campagne de vaccination dans les collèges et lycées de France est un flop

Octobre 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : la campagne de vaccination dans les collèges et lycées de France est un flop

Si les collèges et lycées ont informé leurs élèves de la possibilité de se faire vacciner via leur établissement, très peu sont passés à l’acte par ce biais.

Par Sylvie Lecherbonnier

Publié le 01/10/2021

Les académies s’étaient mises en ordre de marche avant la rentrée scolaire pour organiser la vaccination contre le covid des collégiens et des lycéens, mais les retours sont pour le moins timides à ce stade. Alors que le passe sanitaire vient d’entrer en vigueur pour les adolescents de plus de douze ans et deux mois, le ministère de la santé recense « 23 800 injections en milieu scolaire depuis le 1er septembre », à la date du 26 septembre, fait-il savoir au Monde. Un chiffre « probablement sous-estimé », tient-il cependant à souligner car tous les centres et équipes « ne renseignent pas systématiquement » cette donnée. Et de juger la campagne « dynamique » au vu du nombre d’établissements dans lesquels elle est déployée.

Au 30 septembre, 6 758 collèges et lycées – sur 10 700 – ont proposé un parcours vaccinal à leurs élèves. Soit un peu plus de 60 % des établissements, selon le ministère de l’éducation nationale. Jean-Michel Blanquer s’était engagé avant la rentrée à ce que les élèves et les personnels aient accès au vaccin « dans tous les collèges et lycées de France ». Le ministre avait donné jusqu’aux vacances de la Toussaint aux établissements pour s’organiser, mais beaucoup le sont déjà et ont fait administrer au moins les premières doses. Les modalités varient d’un territoire à l’autre : équipes mobiles au sein des collèges et lycées ou transports des élèves vers les centres de vaccination existants.

La marge de manœuvre des établissements scolaires n’est pas si grande, il est vrai. La vaccination étant ouverte aux 12-17 ans depuis le 15 juin, plus de 60 % d’entre eux avaient déjà une dose de vaccin à la rentrée. Ils sont aujourd’hui plus de 72 % et 64 % à avoir un schéma vaccinal complet. « Peu importe que la vaccination ait lieu en milieu scolaire ou ailleurs. L’important est que le taux de vaccination des adolescents ne cesse de progresser », assure-t-on au ministère de l’éducation nationale, qui insiste sur le rôle de « sensibilisation » joué par les collèges et les lycées. Une petite minorité reste quoi qu’il en soit irrémédiablement réfractaire, comme dans l’ensemble de la population. La plupart des chefs d’établissement interrogés ont reçu quelques courriers de parents antivaccin les enjoignant à respecter leur choix.

Contraintes d’organisation
Les collèges et lycées se sont employés à informer leurs élèves dès les premiers jours de la rentrée. Très vite, les chefs d’établissement se sont rendus compte « d’une faible adhésion des familles ». Le SNPDEN-Unsa, le principal syndicat des chefs d’établissement, l’a évaluée entre « 2 % et 8 % selon les territoires ». « Les familles ont pris leur disposition en dehors des établissements scolaires », complète Franck Antraccoli, secrétaire général du syndicat ID-FO.

Des contraintes d’organisation ont pu peser par endroits. Proviseur dans l’académie de Montpellier et représentant du SNPDEN-Unsa comme la plupart des chefs d’établissement interrogés, Florent Martin a recensé 20 volontaires dans son établissement de 1 200 élèves. Le temps de monter le dispositif avec les autorités sanitaires, seuls sept élèves se sont fait vacciner par ce biais quinze jours plus tard. « Les autres n’ont pas attendu et y sont allés avec leurs familles », assure le proviseur. Patrick Fuertes, proviseur dans l’académie de Grenoble, n’a, lui, recensé que deux volontaires dans son lycée de près de 1 500 élèves. « Je les ai, de ce fait, simplement informés de l’adresse du centre de vaccination le plus proche de chez eux », détaille-t-il. Autre difficulté : l’absence de connaissance du statut vaccinal des élèves, du fait du secret médical.

Si des cafés de parents organisés par le rectorat dans l’Oise ou des documents d’information traduits dans plusieurs langues dans l’académie de Créteil ont pu porter leurs fruits, la vaccination en milieu scolaire, trop marginale à ce stade, ne permet pas un rattrapage dans les territoires où les jeunes sont moins vaccinés que la moyenne. « Nous contribuons modestement mais nous contribuons à l’effort de vaccination », estime pourtant Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa. S’il parlait au printemps de « fiasco » concernant la distribution d’auto-tests dans les lycées, il se montre davantage satisfait concernant l’organisation de la vaccination en milieu scolaire : « les opérations sont construites en fonction du nombre de volontaires. Il n’y a pas eu de gaspillage de doses ou d’effort démesuré à accomplir », note-t-il. Pour lui, comme pour les autres proviseurs interrogés, il faudra passer à d’autres modes d’action, en dehors des établissements, pour les près de 1,4 million de 12-17 ans qu’il reste à vacciner. « Il va falloir admettre que les familles n’adhèrent pas à l’idée que l’école s’empare de ces questions, de la même manière qu’on ne demande pas aux hôpitaux de faire passer le bac. »