Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : Covid-19 : le Royaume-Uni a lancé sa campagne de vaccination

Décembre 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Covid-19 : le Royaume-Uni a lancé sa campagne de vaccination

Les responsables sanitaires espèrent que c’est « le début de la fin » de la pandémie dans un des pays européens les plus touchés.

Par Cécile Ducourtieux (Londres, correspondante)

Publié le 08/12/2020

Elle s’appelle Margaret Keenan, elle aura 91 ans la semaine prochaine et elle est la première personne à avoir reçu une injection du vaccin Pfizer-BioNTech au Royaume-Uni, mardi 8 décembre un peu avant 7 heures, à l’hôpital universitaire de Coventry, dans le centre de l’Angleterre. « C’est comme recevoir un cadeau d’anniversaire en avance », a-t-elle déclaré, selon la BBC.

Le Royaume-Uni est le premier pays au monde à avoir donné son feu vert au vaccin codéveloppé par la firme américaine et une start-up allemande, et il est le premier à lancer sa campagne vaccinale, mardi matin. A l’occasion, les officiels britanniques ont tenu à célébrer « le début de la fin » de la pandémie, à en croire Stephen Powis, le directeur médical du NHS England (le service public de santé anglais). Mais aussi un vrai « V-Day », selon Matt Hancock, dans une référence au VE-Day, qui commémore la fin de la seconde guerre mondiale en Europe, le 8 mai 1945 : le ministre de la santé a multiplié les déclarations triomphales ces derniers jours, vantant « l’avance » du Royaume-Uni, dont l’agence du médicament, la MHRA, a donné son feu vert au vaccin Pfizer dès le 2 décembre.

Les premiers cartons du vaccin Pfizer-BioNTech avaient quitté l’usine de Puurs, en Belgique, vendredi 4 décembre, dans des semi-remorques banalisés, puis ont emprunté discrètement le tunnel sous la Manche. Une fois sur le sol britannique, cette première livraison de 800 000 doses a été stockée dans un entrepôt top secret, précieusement conservée à – 70 °C avant d’être distribuée par lots de 975 doses dans environ soixante-dix hôpitaux britanniques, sélectionnés pour organiser la première campagne vaccinale contre le coronavirus du monde occidental.

Les premières injections sont administrées à des personnes de plus de 80 ans, convoquées à l’hôpital pour l’occasion, ou déjà hospitalisées et sur le point de quitter l’établissement. Si un rendez-vous n’est pas honoré, c’est un professionnel de santé (personnel hospitalier ou de maison de retraite) qui recevra l’injection. La chaîne ITV s’est attardée lundi 7 décembre sur le cas d’Hari et de Ranjan Shukla, un couple d’octogénaires résidant à Newcastle (nord de l’Angleterre), se disant « très, très heureux » d’être sur la liste pour le lendemain.

7 000 Londoniens pourraient être vaccinés cette semaine
La campagne devrait commencer modestement : 7 000 Londoniens pourraient être vaccinés cette semaine, selon le Evening Standard, dans sept hôpitaux différents de la capitale. Deux injections à vingt et un jours d’intervalle étant nécessaires pour que le vaccin soit efficace, 400 000 personnes au maximum seront concernées pour tout le Royaume-Uni, en attendant la prochaine livraison de Pfizer – le gouvernement espère 4 millions de doses supplémentaires d’ici à la fin 2020.

Etant donné que 6,7 millions de Britanniques sont considérés comme « très prioritaires » (les plus de 80 ans, les personnels des maisons de retraite et hospitaliers, les personnes avec des pathologies graves), « la majorité des personnes à risque seront vaccinées entre janvier et février prochain », a admis un porte-parole de Downing Street lundi. « Cette campagne vaccinale est un marathon, pas un sprint », a prévenu Stephen Powis, du NHS. Les personnes inoculées recevront une « carte » vaccinale, sur laquelle seront inscrits, pour mémoire, le nom du vaccin et la date d’inoculation des deux doses. « Il ne s’agit absolument pas d’un passeport », a précisé Downing Street lundi, coupant court aux spéculations.

Les autorités sont un peu inquiètes que les Britanniques baissent la garde, alors que le deuxième confinement a été levé le 2 décembre et que le nombre de nouvelles infections au coronavirus a cessé de refluer. Lundi, le nombre de nouveaux cas positifs sur sept jours (105 918) n’avait baissé que de 0,6 %. Le gouvernement a aussi multiplié les messages rassurants, conscient que le succès de la campagne vaccinale dépendra de la confiance des Britanniques dans un vaccin gratuit et non obligatoire.

Pour 68 %, le vaccin Pfizer est « sûr »
Le mouvement antivaccin reste marginal au Royaume-Uni (selon un sondage YouGov du 7 décembre, 68 % des personnes considèrent que le vaccin Pfizer est « sûr »), mais des critiques internationales sur la supposée précipitation de la MHRA à le valider ont fait le tour des médias – notamment celles du respecté docteur Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des allergies et maladies infectieuses américain, qui s’est excusé depuis. « Notre agence du médicament est en platine massif ! », insistait Chris Hopson, un des dirigeants du NHS, lundi sur la BBC.

Et si le Brexit faisait dérailler la campagne ? Londres n’était toujours pas parvenu, lundi, à conclure un accord commercial « post-divorce » avec Bruxelles et les transporteurs routiers s’inquiètent de grosses perturbations de trafic sur l’axe vital Calais-Douvres à partir du 1er janvier 2021. Si c’était le cas, « le gouvernement britannique acheminerait les vaccins par avion », a affirmé Vaughan Gething, le ministre de la santé du Pays de Galles.

Dernière interrogation : quand Elizabeth II (94 ans) et le prince Philip (99 ans) recevront-ils leur première injection ? « Ils prendront leur tour dans la file », a affirmé le Mail on Sunday, citant des « sources officielles ». Mais l’information devrait être rendue publique d’une manière ou d’une autre. Elle n’a rien d’anodin, étant donné la considérable popularité de la reine.