Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr :Covid-19 : une deuxième vague différente de la première

Novembre 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr :Covid-19 : une deuxième vague différente de la première


La baisse de la mortalité s’explique par l’expérience acquise dans la prise en charge hospitalière des patients.

Par Delphine Roucaute, Véronique Malécot, Mathilde Costil et Sylvie Gittus

Publié le 20/11/2020

La deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 se présente de manière différente de la première. D’abord en raison de sa cinétique particulière : la circulation du virus s’est accélérée lentement depuis août avant de s’emballer au cours du mois d’octobre, pour atteindre à la mi-novembre un nombre de personnes hospitalisées légèrement supérieur au pic de la mi-avril. Pourtant, à hospitalisations quasiment égales, le nombre de personnes transférées en services de réanimation, présentant donc les formes les plus graves de la maladie, a diminué entre les deux vagues.

Quand, le 18 mars, 25,9 % des personnes hospitalisées pour Covid-19 se trouvaient en réanimation, elles n’étaient plus que 14,3 % le 19 novembre. En conséquence, le rythme des décès actuel est également inférieur à la première vague : au pic du printemps, 2 171 personnes étaient mortes en quatre jours du Covid-19, alors que lors du deuxième pic, 2 110 personnes sont mortes en cinq jours.

Cette baisse manifeste des signaux les plus inquiétants de l’épidémie est à mettre en grande partie sur le compte de l’expérience acquise dans la prise en charge des patients par le personnel hospitalier. Déjà, entre le début de la première vague fin février et sa fin en mai, la mortalité en réanimation était passée de 42 % à 25 %.

« Le traitement qui fait la différence, ce sont les corticoïdes », explique Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat. La dexaméthasone, un corticoïde de synthèse connu pour ses effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs, est en effet « donnée en intraveineuse à 90 % des personnes hospitalisées à Bichat. On la donne plus tôt et à dose plus importante dès les premiers besoins en oxygène ». Selon les premiers résultats de l’essai randomisé Recovery, le traitement par dexaméthasone diminue d’environ 11 % la mortalité à quatre semaines chez les patients recevant de l’oxygène. Chez les patients sous ventilation mécanique, la mortalité relative diminue de près de 30 %.

Meilleure gestion de l’oxygénothérapie
Un autre élément important est la prescription d’anticoagulants, qui empêchent les embolies pulmonaires, très nombreuses lors de la première vague. Les soignants peuvent aussi compter sur une meilleure gestion de l’oxygénothérapie, qui a fait ses preuves au printemps. Par exemple, aujourd’hui, les équipes de Bichat peuvent administrer de l’oxygène à haut débit dans leur unité Covid non-réanimation, avant que l’état des patients n’empire.

Par ailleurs, « lors de la première vague, seules certaines zones étaient très touchées, comme l’Ile-de-France et le Grand-Est. La deuxième vague touche de manière plus large les régions françaises, il y a donc plus de services impliqués », relève Nathan Peiffer-Smadja.

Aujourd’hui, les régions les plus touchées sont l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté, les Hauts-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour l’infectiologue, « la mortalité en baisse montre qu’il y a une prise en charge efficace de cette maladie, et la gestion des complications secondaires s’affine avec le temps ».