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Le Monde.fr : Emmanuel Macron veut former encore plus d’infirmiers pour « renforcer les équipes au chevet des patients »

Janvier 2023, par infosecusanté

Le Monde.fr : Emmanuel Macron veut former encore plus d’infirmiers pour « renforcer les équipes au chevet des patients »

Le chef de l’Etat souhaite, d’ici à l’été, « revoir l’organisation et le fonctionnement » des études en soins infirmiers et poursuivre la hausse du nombre d’étudiants formés.

Par Soazig Le Nevé

Publié le 07/01/2023

L’ouverture de places supplémentaires dans les Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) va se poursuivre, a annoncé Emmanuel Macron lors de ses vœux aux personnels soignants, vendredi 6 janvier, avec l’objectif de « renforcer les équipes au chevet des patients ».

En « bombant le torse », le chef de l’Etat s’est félicité d’avoir déjà permis une hausse de 20 % du nombre d’étudiants en trois ans. Mais l’autosatisfecit s’arrête là : « 30 % des élèves arrêtent en cours de formation et environ 10-15 % échouent à la fin. » Sur 100 étudiants formés, « on en a en réalité 55 qui arrivent sur le terrain », a déploré le président de la République, qui appelle, d’ici à l’été, à « revoir l’organisation et le fonctionnement » des études d’infirmier.

Sur la plate-forme d’affectation dans l’enseignement supérieur Parcoursup, le succès des IFSI ne s’est pas démenti : c’est le vœu le plus souvent formulé par les candidats depuis quatre ans. Mais, a nuancé à nouveau M. Macron, « Parcoursup n’est pas optimal » car il « ne permet pas aujourd’hui de bien mesurer la motivation » des candidats.

L’autre levier esquissé par le chef de l’Etat consiste, en aval, à « responsabiliser la sortie des études » pour empêcher que des néodiplômés « partent tout de suite en intérim ou en remplacement ». Il plaide pour une sorte de contrat d’engagement « de X années » dans un poste.

Manque de reconnaissance
Au sein des IFSI, ces déclarations ont étonné formateurs et étudiants. La présidente de l’Association nationale des directeurs d’écoles paramédicales, Florence Girard, n’y voit « rien de nouveau » et s’interroge sur les 30 % d’arrêt d’études avancés par le chef de l’Etat. « Ce n’est pas parce qu’un étudiant entre une année T qu’il sortira de l’institut trois ans plus tard », indique-t-elle, rappelant que, depuis 2007, il est autorisé d’interrompre puis de reprendre son cursus, après une durée maximale de trois ans. « Bon nombre reviennent », affirme-t-elle, soulignant que le public formé vient « de catégories sociales moyennes voire basses, sans avoir toujours des conditions optimales pour suivre des études ».

Augmenter encore les effectifs en IFSI paraît impossible à Manon Morel, présidente de la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières. « Nos structures ne sont pas extensibles, des étudiants sont parfois assis par terre », relate-t-elle. Sans compter l’autre limite, qui tient aux offres de stage. « Certains sont actuellement envoyés dans des services où un seul professionnel gère quatre ou cinq stagiaires. »

L’étudiante juge que les conditions de travail des infirmiers « ne font rêver personne, et le salaire encore moins ». Elle regrette le « manque de reconnaissance » exprimé dans le discours de vœux : Emmanuel Macron a notamment incité les médecins, « s’ils sont malins », à déléguer aux infirmiers « les actes qui ont le moins de valeur ».

Soazig Le Nevé