Moyen-Orient

Le Monde.fr : Emotion à Gaza à la suite de la mort d’une infirmière, tuée par l’armée israélienne Les funérailles de Razan Al-Najjar ont attiré plusieurs milliers de personnes, samedi 2 juin.

Juin 2018, par infosecusanté

Emotion à Gaza à la suite de la mort d’une infirmière, tuée par l’armée israélienne
Les funérailles de Razan Al-Najjar ont attiré plusieurs milliers de personnes, samedi 2 juin.

LE MONDE

03.06.2018

Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

Razan Al-Najjar était infirmière. Agée de 21 ans, elle faisait partie des volontaires qui, au péril de leur vie, interviennent dans la bordure frontalière, soit quelques centaines de mètres près de la clôture séparant la bande de Gaza d’Israël. C’est là qu’elle a été tuée, le 1er juin, par un sniper israélien, à l’est de Khan Younès.

Une centaine d’autres personnes ont été blessées, lors de ce nouveau rassemblement de la « marche du grand retour », entamée le 30 mars, dont le bilan, en termes de victimes, s’élève à ce jour à près de 120 morts et plus de 3 500 blessés par balle.

Les funérailles de Razan Al-Najjar ont attiré plusieurs milliers de personnes, samedi 2 juin, dont de très nombreux collègues de la défunte. Sa veste de sauveteuse, imbibée de sang séché, a été mise en évidence. Des dessins, des montages photo, des extraits d’interviews avec elle ont été massivement diffusés sur les réseaux sociaux. L’armée israélienne a assuré une nouvelle fois qu’elle ferait la lumière sur les circonstances de sa mort. « Dans les cas où il existe des allégations qu’un civil a été tué par les tirs des forces armées, nous enquêtons de façon approfondie et c’est ce que nous ferons », a-t-il été précisé.

Depuis le début de la marche, à en croire les sources locales, 245 membres du personnel médical ont été blessés, dont une partie par balle. Les circonstances de la mort de Razan Al-Najjar ne sont pas encore élucidées, mais il ne fait guère de doute que par son statut même, elle ne pouvait représenter une menace ou une cible justifiée. Sur les réseaux sociaux, une vidéo qui aurait été tournée le même jour montre une scène habituelle depuis huit semaines : des infirmiers avancent dans la zone tampon, les bras levés, pour venir en aide à des blessés. « Les personnels médicaux ne sont pas une cible ! », a rappelé sur Twitter Nikolaï Mladenov, coordinateur spécial de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient.

Incidents répétés

« Les rapports indiquent que Razan portait assistance à des manifestants et portait l’habit des services de secours, permettant clairement de la distinguer même à distance comme un personnel médical », a souligné James Heenan, chef du bureau du haut-commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Selon ce responsable, la jeune Palestinienne se trouvait à cent mètres de la clôture. « Selon le droit international en matière de droits de l’homme, qui s’applique dans ce contexte avec le droit humanitaire international, la force létale peut seulement être utilisée en dernier recours et lorsqu’il existe un danger imminent de mort ou de blessure sérieuse, ajoute James Heenan. Il est très difficile de voir en quoi Razan posait ce genre de danger à des forces israéliennes lourdement armées et bien protégées en position défensive de l’autre côté de la clôture. »

L’armée, elle, a souligné les incidents répétés à la frontière ces derniers jours, comme les tentatives d’infiltration ou la mise en place d’engins explosifs. Un cessez-le-feu très précaire est entré en vigueur après la montée de fièvre du 29 mai. Dans la nuit de samedi à dimanche, l’armée israélienne a visé 15 cibles attribuées au Hamas, en réponse à six tirs de roquettes, dont plusieurs ont été interceptées par le système de défense Dôme de fer. Parmi les cibles visées figuraient, selon l’armée, deux ateliers de fabrication et de stockage de munitions, appartenant au mouvement islamiste, et une base militaire.