Les retraites

Le Monde.fr : La réforme des retraites arrive au Parlement, et son examen rapide agace l’opposition

Janvier 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : La réforme des retraites arrive au Parlement, et son examen rapide agace l’opposition

Une commission spéciale commencera à examiner le projet de loi mardi. La majorité présidentielle espère que le vote solennel aura lieu dès le 3 mars.

Par Manon Rescan •

Le 27/01/2020

A peine présenté en conseil des ministres, vendredi 24 janvier, le projet de loi sur les retraites commencera sa vie au Parlement dès la semaine du 27 janvier. Une commission spéciale sera installée officiellement mardi, sous l’égide de la députée La République en marche (LRM) Brigitte Bourguignon, également présidente de la commission des affaires sociales. Y siégeront 70 députés de tous les groupes, qui commenceront leurs travaux dès mardi soir avec l’audition de Laurent Pietraszewski, secrétaire d’Etat chargé des retraites.

Ce rythme au pas de charge suscite l’agacement de l’opposition. « Cher gouvernement, tu nous octroies quatre jours pour examiner un texte qui va déterminer la vie de millions de Français. Le peuple t’encombre, ses représentants aussi ? », s’est indigné le député socialiste de l’Ardèche Hervé Saulignac, vendredi, sur Twitter.

« Cela fait deux ans qu’on travaille tous sur le sujet, il y a déjà eu des travaux en commission des affaires sociales », conteste, pour sa part, le député LRM Guillaume Gouffier-Cha, qui sera le « chef d’orchestre » du texte en tant que rapporteur général.

Le calendrier des travaux n’est pas officiellement arrêté, mais Brigitte Bourguignon a proposé aux présidents de groupe qu’une série d’auditions des partenaires sociaux ait lieu mercredi. Les organisations professionnelles d’employeurs seraient reçues le matin, les syndicats l’après-midi. Le soir, les députés pourraient auditionner le Conseil d’orientation des retraites ainsi que le comité de suivi des retraites. Mme Bourguignon a précisé que les députés auraient ensuite jusqu’à jeudi à 17 heures pour déposer leurs amendements.

« Modération dans les amendements »

Les oppositions sont déterminées à contester ce calendrier, que M. Gouffier-Cha reconnaît « serré ». « On va mener une rude bataille parlementaire », a prévenu mardi, lors d’une conférence de presse, Damien Abad, président du groupe Les Républicains de l’Assemblée, jugeant les conditions d’examen du texte « inacceptables ». La droite conteste le fait de devoir se prononcer sur le texte sans avoir les conclusions de la conférence de financement entre les partenaires sociaux. Le premier ministre leur a donné jusqu’à fin avril pour proposer des solutions, soit plus deux mois après le début de l’examen du texte à l’Assemblée.

Le rapporteur général s’attend à ce que les travaux en commission durent du lundi 3 février « jusqu’au dimanche ». Pour contrecarrer les tentatives d’obstruction de l’opposition, la majorité a été appelée à « une certaine modération dans les amendements, a prévenu Gilles Le Gendre, président du groupe LRM. L’édifice du texte est déjà bien stabilisé car il a fait l’objet d’une très grande concertation ».

La majorité planche depuis un moment sur la réforme. Plusieurs dizaines de députés LRM ont été désignés « ambassadeurs retraites » et, plus récemment, un groupe de travail a été mis sur pied pour identifier les pistes d’amendement au texte. « On compte bien prendre toute notre place dans cette discussion », assure Catherine Fabre, députée de Gironde, qui sera « responsable de texte » pour la majorité. Une rencontre a eu lieu mercredi entre M. Pietraszewski et des députés en pointe sur le texte pour évoquer ces sujets.

Poudrière

La majorité a désigné pas moins de sept rapporteurs. Le dispositif choisi est très politique, avec plusieurs figures venues de la gauche comme les anciens socialistes Olivier Véran et Guillaume Gouffier-Cha. Jacques Maire fait également partie de l’équipe. Le fils d’Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT de 1971 et 1988, a eu parfois, au cours du quinquennat, des mots durs à l’égard de Matignon sur le manque de travail avec les partenaires sociaux.

Autant de symboles pour une majorité qui veut mettre l’accent sur le caractère redistributif d’une réforme dont elle assure qu’elle va permettre de résorber des injustices. LRM s’est aussi assurée de travailler main dans la main avec ses partenaires politiques en donnant des fonctions de rapporteur aux députés MoDem Nicolas Turquois et UDI, Agir et Indépendants Paul Christophe.

La partie la plus compliquée devrait se jouer à partir du 17 février dans la poudrière que peut être l’hémicycle. La majorité espère que le vote solennel sur le texte interviendra le 3 mars, quelques jours avant le début de la trêve parlementaire pour les élections municipales. Le Sénat, lui, se penchera sur la réforme à partir de la fin avril