Le financement de la Sécurité sociale

Le Monde.fr : Le déficit de la « Sécu » pourrait ne pas se résorber en 2021

Juin 2021, par infosecusanté

Le Monde.fr : Le déficit de la « Sécu » pourrait ne pas se résorber en 2021

Le régime général et le fonds de solidarité vieillesse afficheraient un solde négatif légèrement supérieur à 38 milliards d’euros, soit un « trou » identique à celui qui s’est creusé en 2020, selon un rapport de la Commission des comptes de la Sécurité sociale présenté jeudi 24 juin.

Par Bertrand Bissuel

Publié le 23/06/2021

Malgré le rebond de l’activité économique, le déficit de la Sécurité sociale en 2021 pourrait rester pratiquement au même niveau qu’en 2020 : – 38,4 milliards d’euros dans le premier cas, contre – 38,7 milliards dans le second, si l’on prend en considération le régime général et le fonds de solidarité vieillesse (FSV). C’est l’un des enseignements du rapport qui sera présenté, jeudi 24 juin, aux membres de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) et que Le Monde a pu consulter.

Le déséquilibre financier qui est anticipé pour l’exercice en cours s’avère un peu plus important que dans les prévisions faites par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2021. Adoptée à l’automne 2020, celle-ci tablait alors sur un trou de – 35,8 milliards d’euros pour cette année. Une telle « dégradation » résulte principalement d’un surcroît de dépenses liées aux actions « pour faire face à la crise sanitaire » : troisième vague épidémique qui a mis sous tension le système de santé, prise en charge des tests, lancement de la campagne de vaccination…

L’essentiel du déficit serait, à nouveau, imputable à l’assurance-maladie
Parallèlement, les recettes de la « Sécu », qui sont issues en grande partie de cotisations sociales elles-mêmes assises sur la masse salariale, devraient fortement se redresser par rapport à2020 (+ 5,9 %), grâce au redémarrage de l’économie, mais sans parvenir à effacer des dépenses en forte croissance.

L’essentiel du déficit du régime général serait, à nouveau, imputable à l’assurance-maladie : – 31 milliards d’euros, soit 600 millions de plus par rapport à 2020. Dans cette branche, « les charges (…) demeureraient très élevées », en raison de la lutte contre le Covid-19, bien sûr, mais aussi du fait de la montée en puissance des mesures décidées dans le cadre du « Ségur de la santé » pour revaloriser les rémunérations et les carrières des personnels. De son côté, l’assurance-vieillesse verrait, elle aussi, ses résultats se détériorer, passant de – 3,7 milliards en 2020 à – 4,4 milliards cette année.

Ces projections doivent toutefois être maniées avec prudence, compte tenu des « incertitudes importantes » qui pèsent sur la « situation économique », comme le rappelle le rapport.

« Ces déficits ne doivent pas nous empêcher d’investir afin d’améliorer l’accès aux soins, (...) », Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France

« La crise sanitaire n’est pas terminée et ses conséquences financières sont toujours majeures », observe Jacques Battistoni, président du syndicat de médecins MG France et membre de la CCSS. Pour autant, ajoute-t-il, « ces déficits ne doivent pas nous empêcher d’investir afin d’améliorer l’accès aux soins, grâce notamment à une meilleure organisation des soins primaires » (médecine générale, infirmières exerçant en libéral, pharmaciens, kinésithérapeutes…).

La situation financière de la « Sécu » est, certes, « fortement dégradée sur deux années consécutives, mais c’est l’effet de l’effort collectif au travers du “quoi qu’il en coûte” qui a dû être poursuivi en 2021 », enchaîne Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises et membre, lui aussi, de la CCSS. A ses yeux, les déséquilibres budgétaires qui affectent notre Etat-providence soulèvent « la question du traitement de la dette Covid » : « Il ne serait pas logique de “plomber” les comptes sociaux en leur affectant une dette dont l’origine leur est étrangère », souligne-t-il.

Bertrand Bissuel