Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Monde.fr : « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie » : le mea culpa d’Emmanuel Macron sur l’hôpital public

Mai 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie » : le mea culpa d’Emmanuel Macron sur l’hôpital public

« On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée il y a deux ans », a reconnu le chef de l’Etat lors d’une visite à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.
Emmanuel Macron accélère la mise en chantier du « plan massif » en faveur de l’hôpital promis le 25 mars à Mulhouse. Au lendemain d’un échange avec dix médecins hospitaliers et après avoir rencontré deux représentants du Collectif inter-hôpitaux, le chef de l’Etat a effectué, vendredi 15 mai, une visite surprise à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

Lors d’un échange avec des médecins et des responsables de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, il a annoncé que le ministre de la santé, Olivier Véran, avait « mandat » pour commencer « dès la semaine prochaine » un travail de concertation en vue d’une revalorisation des salaires et des carrières des personnels médicaux et paramédicaux.

Le président de la République, qui s’est présenté comme un « enfant de l’hôpital », a fait son mea culpa sur la façon dont le système de santé avait été réformé depuis son arrivée à l’Elysée en 2017. « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée il y a deux ans », a-t-il reconnu, en référence à la réforme du système de santé baptisée « Ma santé 2022 » et présentée en septembre 2018.
Le chef de l’Etat a estimé que cette loi« ne portait pas assez de sens » et avait « un rapport au temps et une ampleur qui n’étaient pas du tout suffisants par rapport à l’état où était l’hôpital ». « On mettait fin à quinze ans de baisse des tarifs hospitaliers, on [les]avait même réaugmentés. J’étais convaincu qu’on était en train de changer les choses » et « c’est très cruel pour moi-même », a-t-il ajouté, jugeant que « c’était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt ».

« Réinvestir différemment »
Complétant et précisant ce qu’il avait déjà annoncé la veille depuis l’Elysée, Emmanuel Macron a établi les grands axes du futur plan en faveur de l’hôpital. Il a regretté qu’une des mesures phares du plan d’urgence en faveur de l’hôpital public présentée en novembre 2019 par Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, et par le premier ministre, Edouard Philippe, n’ait pas été comprise : la reprise sur trois ans, à partir de 2020, de 10 milliards d’euros de la dette hospitalière, soit un tiers du total. « Ça ne parle à personne, personne ne dit que c’est une bonne idée. Ce n’est sans doute pas une bonne idée. Donc il faut oublier ce truc et réinvestir différemment », a annoncé le chef de l’Etat.

Saluant« l’extraordinaire capacité à trouver des solutions en un temps record » pendant la crise, Emmanuel Macron a dit souhaiter s’inspirer du modèle inventé au cours de cette période. « Le “quoi qu’il en coûte” lancé un soir de mars ne peut pas durer perpétuellement, a-t-il reconnu. Il faut qu’on trouve d’autres modes de régulation, qui partent du bas et du soin, et plus d’une logique budgétaire mais d’une logique sanitaire. (…) Ce n’est pas le nombre de lits, le bon moyen. »
En appelant de ses vœux la tenue d’un « Ségur de notre organisation de santé », du nom de l’avenue de Paris où est situé le ministère de la santé, le chef de l’Etat a détaillé les quatre « piliers » sur lesquels devrait reposer le futur plan : revalorisation des salaires et des carrières, investissement dans les bâtiments et le matériel, mise en place d’un système plus souple et « plus déconcentré » et, enfin, nouvelle organisation du système de santé basée sur le territoire. « Il y a une nécessité de penser les interfaces avec la médecine de ville, avec le médico-social », a-t-il jugé.