Les deserts médicaux

Le Monde.fr : Près de 3,8 millions de Français vivent dans un désert médical

Février 2020, par infosecusanté

Le Monde.fr : Près de 3,8 millions de Français vivent dans un désert médical

Selon une étude portant sur l’année 2018, les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France, le Centre-Val de Loire et les territoires ultramarins.

Par François Béguin Publié aujourd’hui à 18h20, mis à jour à 19h01

Le « désert médical » français n’en finit pas de s’étendre. En 2018, près de 3,8 millions de Français vivaient dans une zone sous-dotée en médecins généralistes (soit 5,7 % de la population), contre 2,5 millions (3,8 % de la population) quatre ans plus tôt. Ce sont donc près de 1,3 million de Français supplémentaires qui ont rencontré des difficultés d’accès aux soins au cours de cette période, selon une étude publiée vendredi 14 février par la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère des solidarités et de la santé.

Pour mesurer cette évolution, la Drees a mis en regard l’offre et la demande de soins au sein de « territoires de vie » afin d’établir un nombre moyen de consultations accessibles par an et par habitant. En 2018, ce nombre – très théorique – était en moyenne de 3,93 consultations, en baisse de 3,3 % par rapport à 2015.

Chiffres préoccupants outre-mer
Les causes de cette dégradation sont connues : une demande de soins en hausse et un temps médical disponible en baisse, les départs à la retraite de généralistes n’étant pas compensés par de nouvelles installations, en raison notamment de numerus clausus limitant le nombre de médecins formés « particulièrement faibles » dans les années 1990. Selon les calculs de l’ordre des médecins publiés en 2016, ce phénomène devait se traduire par « la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-­2025 ».

Les régions les plus touchées sont l’Ile-de-France et le Centre-Val de Loire, où respectivement 1,7 million (14,6 % de la population régionale) et 318 000 personnes (12,3 % de la population) vivent dans une zone sous-dense. Dans ces deux régions, le nombre de généralistes a diminué (4,2 % et 5,8 %) entre 2015 et 2018 alors que le nombre d’habitants a, lui, enregistré une hausse.
Les territoires ultramarins affichent eux aussi des chiffres préoccupants. Près de la moitié (44,2 %) de la population de la Guyane, soit environ 120 000 personnes, vit dans un désert médical, la dégradation de la situation s’expliquant par une très forte croissance démographique (+ 10,3 %).

Jugeant que « l’accessibilité aux médecins généralistes s’inscrit dans une problématique plus globale d’aménagement du territoire », la Drees souligne que ces zones qui attirent peu les jeunes médecins ont une croissance démographique « particulièrement faible », sont « peu densément peuplées » et comportent moins de commerces, d’établissements scolaires ou d’équipements sportifs et culturels. Et, pour couronner le tout, « la température y est en moyenne plus basse que dans les autres zones ».

François Béguin