Les retraites

Le Monde.fr : Réforme des retraites : Jean-Paul Delevoye annonce son entrée au gouvernement

Septembre 2019, par infosecusanté

Réforme des retraites : Jean-Paul Delevoye annonce son entrée au gouvernement

Le haut-commissaire chargé du dossier préconisait, en juillet, l’instauration d’un âge pivot à 64 ans pour un départ à taux plein.

Par Raphaëlle Besse Desmoulières •

Publié le 3 sept 2019

Avant même que le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, ne remette ses recommandations sur le futur système universel, le 18 juillet, se posait déjà la question de son avenir. Elle est désormais tranchée. Dans un entretien à La Voix du Nord, l’ancien ministre de Jacques Chirac annonce, mardi 3 septembre, qu’il entre au gouvernement pour mener ce vaste chantier, dont Emmanuel Macron entend faire le projet-phare de l’acte II de son quinquennat.

Comme ce fut le cas pour Martin Hirsh en 2007, M. Delevoye garde son titre de haut-commissaire auprès de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn mais il pourra désormais sièger à la table du conseil des ministres. « Il était logique, explique-t-il, qu’ayant commencé comme haut commissaire, je poursuive mon travail comme tel. » Il précise qu’il « garde la même équipe, le même lieu, pour être l’interlocuteur privilégié des partenaires et écrire la future loi ».

Ce scénario lui permet de participer mercredi au séminaire gouvernemental de rentrée. Et de démarrer la nouvelle phase de consultations qui s’ouvre jeudi et vendredi dans ses nouveaux habits. A cette date, Edouard Philippe doit recevoir avec M. Delevoye et Agnès Buzyn, les partenaires sociaux pour préciser méthode et calendrier alors que le président de la République a rebattu les cartes en annonçant, le 26 août, que « rien n’était décidé » sur le sujet et qu’il « préfère un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge ».

Et ce, alors que la principale recommandation de Jean-Paul Delevoye, dans son rapport du 18 juillet, était d’instaurer un âge pivot à 64 ans pour une retraite à taux plein. « Ce n’était pas un désaveu de Delevoye, mais de Matignon, qui plaidait pour une solution sur l’âge, croit savoir un haut gradé syndical. Avec cette sortie, Macron fait une ouverture envers la CFDT pour s’assurer que la discussion reprend. »
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« La parole de l’exécutif »

Pour beaucoup, l’ex-président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) reste le mieux placé pour continuer cette mission alors que Mme Buzyn, chargée du dossier, est restée au second plan tout au long des dix-huit mois de concertation. Sur un sujet aussi miné, M. Delevoye a réussi jusqu’à présent à conserver la confiance de la plupart des syndicats et du patronat qui continuent de vanter ses qualités d’homme de dialogue.

« A partir du moment où on entre dans une nouvelle phase de concertation approfondie, il faut que l’on sache d’où il parle, souligne l’un des artisans de la réforme. Il s’est déjà exprimé dans son rapport, il est important que cette parole soit désormais celle de l’exécutif. »

M. Delevoye expliquait récemment à l’un de ses interlocuteurs que « ce n’est pas le titre » qui l’intéresse, mais d’« avoir l’autorité sur la réforme », car « il ne veut pas revivre la séquence du printemps et être le jouet des uns et des autres ». Une référence à la cacophonie gouvernementale sur un éventuel recul de l’âge minimal de départ en retraite qui avait pollué la fin de la concertation.

Autre avantage, et pas des moindres, pour l’exécutif de le faire entrer au gouvernement : que ce fin politique, doublé d’un bon technicien, puisse défendre le futur projet de loi le jour où il arrivera devant le Parlement – ce qui ne devrait cependant pas advenir avant plusieurs mois.

Raphaëlle Besse Desmoulières