Industrie pharmaceutique

Le Monde.fr : Sanofi supprime 466 postes, dont près de 300 en France

Juin 2019, par infosecusanté

Le Monde.fr : Sanofi supprime 466 postes, dont près de 300 en France

Le groupe pharmaceutique a annoncé la suppression de ces postes en France et en Allemagne dans son organisation de recherche & développement.

Par Philippe Jacqué

Publié le 19 juin 2019

La barre des mille postes supprimés est maintenant franchie par Sanofi en France. Mercredi 19 juin, l’entreprise a dévoilé un plan de départs volontaires devant aboutir à la suppression de 466 postes en recherche & développement de part et d’autre du Rhin. Il s’agit du troisième plan de suppressions d’emplois depuis le début de l’année.
En France, quelque 299 postes vont disparaître. Deux cents seront transférés du site francilien de Chilly-Mazarin (Essonne) vers Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ou Montpellier (Hérault), et 30 créés. Le tout sans licenciement économique ni fermeture de sites. Et aucune externalisation n’est évoquée, contrairement à 2018, lorsque Sanofi avait cédé à l’allemand Evotec deux établissements à Toulouse et à Lyon. Pour les salariés, « il n’y aura pas de mobilité géographique contrainte hors du bassin d’emploi, assure une source. Sauf en région parisienne, où les transferts seront bien contraints ».
Pour 2019, environ 1 200 postes sont déjà supprimés

Pour 2019, environ 1 200 postes sont déjà supprimés. En mars, les services supports ont finalisé une rupture conventionnelle collective portant sur le départ de 700 personnes. Une semaine plus tard, quelque 232 commerciaux ont été également remerciés lors d’un plan de sauvegarde de l’emploi.
« Sanofi, c’est une vraie essoreuse ! » s’emporte une élue syndicale. « Aux Etats-Unis, ils le font aussi, mais pas besoin de mettre en place ce type de plan collectif et codifié. Ils paient et les gens partent », résume un élu de Sanofi, qui assure que les investissements se portent désormais en Chine, où les effectifs de recherche progressent. Aujourd’hui, quelque 15 000 travaillent pour la R&D dans le monde, dont 4 200 en France, avant le dernier plan de départs.

« Cela doit être le cinquième plan social en six ans »
« Pour la recherche, cela doit être le cinquième plan social en six ans », constate Thierry Bodin, de la CGT. « On les voit défiler, sans pour autant voir de projet de recherche très défini », ajoute Chantal Drouet-Petre, de la CFDT. « C’est une vraie catastrophe de se priver de ces emplois stratégiques », ajoute M. Bodin, non sans rappeler que Sanofi « perçoit, chaque année, 150 millions d’euros de crédit d’impôt recherche ». « Depuis 2012, environ un tiers des postes ont été supprimés ou externalisés », affirme Christophe Picot, de la CFE-CGC.

De fait, depuis dix ans, Sanofi ne compte plus franchement sur sa recherche fondamentale interne. Elias Zerhouni, qui a dirigé la recherche du groupe entre 2011 et 2018, n’a eu de cesse de l’ouvrir par le biais de coopérations externes et d’acquisitions de portefeuilles de molécules et autres traitements biologiques auprès de biotechs. Ainsi, les derniers succès du groupe sont venus de sa coopération avec Regeneron, à l’origine du Dupixent, un traitement qui permet de lutter à la fois contre l’eczéma et l’asthme.

Pour le reste, le groupe a pris beaucoup de retard, notamment dans l’oncologie, une spécialité bien plus rentable que les maladies chroniques (diabète…). Le nouveau patron de la recherche, John Reed, vient de Roche, tandis que Paul Hudson, le futur directeur général, arrive de Novartis. Deux groupes aux résultats de premier plan dans les anticancéreux. La priorité sera de se faire une place sur ce marché. Mercredi, Sanofi, qui investit quelque 5 milliards d’euros par an en recherche, doit officialiser l’arrêt de la recherche en cardiologie et la concentration de ses efforts sur l’oncologie et l’immuno-inflammation.

Le laboratoire pharmaceutique s’associe à Google
Sanofi et Google ont annoncé, mardi 18 juin, la création d’un laboratoire « virtuel » d’innovation, afin de développer de « futurs médicaments et services de santé en tirant parti de la puissance des nouvelles technologies de données ». « En combinant les innovations biologiques et données scientifiques de Sanofi avec les capacités de premier ordre de Google, nous aspirons à donner aux patients les moyens de mieux prendre le contrôle de leur santé et à accélérer la découverte de nouvelles thérapies », assure Ameet Nathwani, responsable des affaires médicales et du numérique chez Sanofi, cité dans un communiqué. Sanofi travaille déjà avec Verily, une autre filiale d’Alphabet, maison mère de Google, sur l’amélioration des essais cliniques et dans le cadre d’une coentreprise, Onduo, qui teste en vie réelle des outils de suivi connecté du diabète.

Philippe Jacqué