Les Ehpads et le grand âge

Le Monde.fr : Une aide-soignante en Ehpad licenciée pour avoir témoigné dans « Envoyé spécial »

Octobre 2018, par infosecusanté

Une aide-soignante en Ehpad licenciée pour avoir témoigné dans « Envoyé spécial »

La jeune femme de 29 ans, qui avait notamment filmé des personnes âgées laissées à l’abandon, a reçu jeudi le soutien d’Elise Lucet.

LE MONDE

05.10.2018

Hella Kherief, une aide-soignante qui a vu sa période d’essai rompue après avoir témoigné, pour « Envoyé spécial », sur les conditions d’accueil indignes dans certains Ehpad privés, a reçu jeudi 4 octobre le soutien d’Elise Lucet.

La jeune femme de 29 ans était l’une des rares à avoir accepté de témoigner à visage découvert dans une enquête du magazine de France 2, diffusée le 20 septembre. Elle venait de signer un CDI dans un hôpital privé marseillais, au sein duquel elle « se sentait bien », selon les explications données par Julie Pichot, la journaliste qui a réalisé l’enquête, sur son compte Facebook. Mais le lendemain de sa diffusion, l’établissement a décidé de mettre un terme à sa période d’essai. « Combative et courageuse, elle n’a jamais regretté son témoignage. S’empressant de me dire que s’il fallait le refaire, elle le referait. Avec les mêmes mots, les mêmes images, pour “Envoyé spécial” », explique la journaliste.

Procédure aux prud’hommes

Dans ce reportage, l’aide-soignante racontait notamment la situation d’abandon dans laquelle étaient laissées des pensionnaires d’un Ehpad pour lequel elle avait effectué une nuit de remplacement. Choquée, elle avait filmé des personnes âgées en fauteuil attendant depuis une heure devant un ascenseur au milieu de la nuit ou une autre prête à lui donner de l’argent pour avoir de l’eau.

Ce n’est pas la première fois que Hella Kherief témoigne sur son activité en Ehpad. Avec trois autres employées d’une maison de retraite du groupe Korian, elle avait déjà alerté sur les conditions de travail et d’accueil indignes dans l’émission de France Culture « Les Pieds sur terre », en 2016, puis dans « Pièces à conviction », sur France 3, en 2017. Les trois femmes avaient alors été licenciées. Une procédure aux prud’hommes est en cours.

« Voilà ce qu’il se passe aujourd’hui quand on ose lancer l’alerte, s’indigne Julie Pichot dans son message. Il faut soutenir les lanceurs d’alerte. »