Industrie pharmaceutique

Le Parisien - Le PDG de Pfizer vend pour 5,6 millions de dollars d’actions le jour de l’annonce des résultats de son vaccin

Novembre 2020, par Info santé sécu social

Un porte-parole du groupe assure que ces transactions financières étaient partie intégrante d’un plan de désinvestissement périodique.

Par Le Parisien avec AFP
Le 11 novembre 2020 à 23h05, modifié le 12 novembre 2020

C’est une concomitance qui interpelle. De nombreux médias américains révèlent ce mercredi qu’Albert Bourla, le PDG Pfizer, a vendu lundi pour 5,6 millions de dollars d’actions du laboratoire américain. Ce même jour où le groupe annonçait de bons résultats préliminaires sur l’efficacité de son candidat vaccin contre le Covid-19. Selon un document déposé auprès des autorités boursières américaines, Albert Bourla a vendu 132 508 titres au prix de 41,94 dollars à Wall Street, ce qui équivaut à près de 5,6 millions de dollars (4,8 millions d’euros).

Comme le rappelle Reuters, ce dernier a touché l’an passé 17,9 millions de dollars de rémunérations directes du laboratoire. Le même jour, Sally Susman, la vice-présidente des laboratoires, a elle aussi cédé des actions et vendu 43 662 titres, pour la rondelette somme de 1,8 million de dollars (1,5 million d’euros).

Cette vente intervient alors que l ’action Pfizer s’est envolée de plus de 7 % lundi. Ce même jour, le laboratoire américain a fait l’annonce, aussi attendue que saluée, que son vaccin développé avec la compagnie allemande BioNTech -qui a pris 13,91 % lundi- était « efficace » à 90 % contre le Covid-19. Le laboratoire Pfizer, interrogé par l’AFP sur ces ventes de titres, n’a pas répondu.

La possibilité d’un report des opérations

Auprès du site de la chaîne américaine CNN, un porte-parole du groupe assure toutefois que ces transactions financières étaient partie intégrante d’un plan de désinvestissement périodique. Ce dernier, programmé dans le cadre de la gestion financière personnelle du patron du groupe, aurait été mis en place depuis le mois d’août 2019, et les cessions de titres devaient être effectives lorsque le titre atteignait un certain prix. Ce qui s’est produit lundi.

La vice-présidente aurait effectué une initiative similaire depuis novembre 2019, a souligné le porte-parole. Interrogé quant à la possibilité d’annuler ces ventes au regard de la situation et pour éviter que les deux dirigeants ne tirent profit des avancées rassurantes du vaccin, ce dernier a seulement indiqué qu’il s’agissait de « plans prédéterminés » qui ont été « gérés par un administrateur d’actions tiers ».

CNN explique aussi que lorsque de telles situations se produisent, les dirigeants d’entreprises désireux de vendre certains de leurs titres, afin généralement de diversifier leurs portefeuilles, ont la possibilité d’ajourner les cessions programmées, « pour éviter de donner l’impression de capitaliser sur des événements ponctuels pouvant augmenter les actions de l’entreprise ». Tels que l’annonce de lundi, concernant les bons résultats du vaccin.

Des faits similaires chez Moderna
Un schéma financier similaire à celui réalisé par Albert Bourla et Sally Susman avait été effectué par des dirigeants du laboratoire Moderna, également en lice dans la course aux vaccins contre le coronavirus. En septembre, les dirigeants de cette société américaine de biotechnologie avaient eux aussi vendu pour 1,3 million de dollars d’actions (1,1 million d’euros) juste après la publication de résultats évoquant des essais cliniques prometteurs. Pour certains, cette annonce aurait été quelque peu surévaluée par rapport aux résultats réels et n’aurait eu d’autre but que de faire flamber le cours de l’action Moderna.

L’un des anciens gendarmes de la bourse américaine (SEC), qui soupçonne les dirigeants d’avoir sciemment manipulé le marché, a d’ailleurs appelé à l’ouverture d’une enquête visant Moderna et qui pourrait porter sur des faits de « délit d’initié », relate le Washington Post.