Les retraites

Le Parisien - Pouvoir d’achat : un senior actif sur deux a du mal à boucler ses fins de mois

Avril 2019, par Info santé sécu social

Selon une étude réalisée par l’institut CSA, près d’un senior actif de plus de 50 ans sur deux déclare avoir du mal à boucler les fins de mois. En cause : le poids croissant des dépenses contraintes.

C’est un coup de projecteur sur une réalité dont on parle peu : plus encore que les retraités, que l’on a beaucoup entendu dans les rangs des Gilets jaunes, les seniors actifs, autrement dit les salariés âgés de 50 à 65 ans, ont l’impression de vivre avec un pouvoir d’achat en berne.

Selon un sondage CSA* pour le compte de Cofidis, ils seraient même près d’un sur deux (47 %) à avoir du mal à boucler leurs fins de mois. Autres chiffres qui témoignent de cette réalité : sur les douze derniers mois, un sur trois affirme avoir déjà été à découvert et un sur dix à avoir dû emprunter de l’argent à ses proches. « Cela signifie qu’ils n’ont pas pu avoir accès à un crédit auprès de leur banque ou d’un organisme financier », décrypte Céline François, directrice marketing de Cofidis dont la moitié des crédits concernent des plus de 50 ans.

Un budget plombé par les dépenses contraintes
Les causes principales de ces difficultés financières ? Plus touchés que les autres salariés par le chômage de longue durée, les quinquas souffrent de la précarisation du marché de l’emploi qui s’aggrave avec l’âge. Un seul exemple : après 55 ans, un quart (25,5 %) des seniors qui travaille est à temps partiel contre moins d’un sur cinq (18,5 %) pour l’ensemble des salariés. Un tiers d’entre eux a, en outre, encore des enfants à charge et/ou des parents qu’il faut aider. Tout cela grève lourdement le budget de ces familles.

Mises bout à bout, les dépenses essentielles de logement, de santé, de transport et d’énergie totalisent 1 604 euros et vampirisent 64 % de leurs revenus qui se montent en moyenne à 2 504 euros. Si le logement (450 euros par mois en moyenne) est le poste le plus important, six sur dix estiment que, depuis cinq ans, ils payent de plus en plus d’impôts et de plus en plus cher leur alimentation.

Conséquences de ces fins de mois difficiles, les quinquas sont contraints de se serrer la ceinture. Ainsi, sept sur dix (72 %) peinent à épargner pour leur retraite et ont déjà fait une croix sur une dépense ou un projet important, près d’un sur deux (45 %) a renoncé à rénover son appartement et un tiers (33 %) à s’accorder une activité de loisir ou une sortie en famille.

Macron et Philippe sont pointés du doigt
Ces seniors actifs sont, par ailleurs, adeptes du système D et profitent à plein des soldes, des cartes de fidélités ou de l’achat-vente de produits d’occasion. Sur le plan politique, cette étude met en relief l’hypersensibilité des classes moyennes aux thèmes du pouvoir d’achat et de la pression fiscale, à l’origine de la révolte des Gilets jaunes. Autre enseignement, les seniors sont « très critiques envers l’exécutif », note l’étude. Et qu’ils soient actifs ou retraités, « 80 % n’ont pas confiance dans le gouvernement pour améliorer leur pouvoir d’achat ».

Enfin, et la leçon serait à méditer pour Emmanuel Macron et Édouard Philippe, l’étude de CSA conclut qu’« en pleine discussion sur la réforme des retraites […], les seniors actifs sont mitigés (46 %) sur le fait de repousser leur âge de départ à la retraite pour toucher une pension plus importante ». Sans surprise, les ouvriers et les employés sont sur ce sujet beaucoup plus réticents que les cadres.

* Étude réalisée du 12 au 18 février par CSA Research pour Cofidis auprès d’un échantillon représentatif de 1009 Français âgés de 50 ans et plus.