Environnement et facteurs dégradant la santé

Le Parisien - Procès Roundup : Monsanto condamné à verser deux milliards de dollars à un couple

Mai 2019, par Info santé sécu social

Pour la troisième fois, Monsanto a été condamné à verser de lourds dédommagements à un couple d’Américains atteints d’un cancer et qui a utilisé le Roundup pendant des décennies.

Le montant est astronomique. Monsanto, détenu par l’Allemand Bayer, a essuyé ce lundi un nouveau revers judiciaire, et il est cinglant. Le géant de l’agrochimie a été condamné à verser 2 Mds$ au titre de dommages « punitifs » et 55 M$ de dommages-intérêts à Alva et Alberta Pilliod, un couple de Californiens atteints d’un cancer qu’ils attribuent au Roundup. Ils avaient utilisé le célèbre désherbant depuis 1982 jusqu’à récemment. Tous deux sont atteints d’un lymphome non-hodgkinien, diagnostiqué en 2011 pour Alva, en 2015 pour Alberta.

« Le jury a estimé que l’exposition au Roundup a causé le (cancer) des Pilliod et que Monsanto avait failli (à l’obligation de) prévenir de ce grave danger pour la santé. Surtout, le jury a également reconnu que Monsanto avait agi avec malveillance, oppression ou fraude et devait être puni pour son comportement », souligne dans un communiqué un des cabinets d’avocats qui défendaient le couple, la firme Baum, Hedlund, Aristei & Goldman.

« Nous aurions aimé que Monsanto nous prévienne, qu’il y ait quelque chose sur l’étiquette (qui dise) que cela pouvait causer le cancer, nous ne l’aurions pas utilisé », a déclaré d’une voix faible Alberta Pilliod, qui se déplace avec une canne comme son mari, lors d’une conférence de presse à San Francisco.

Ce jugement est « le plus clair possible […] : Monsanto doit changer son comportement », a déclaré l’un de leurs avocats, Brent Wisner. Il a accusé l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) de collusion avec la firme agrochimique. Fin avril, comme Bayer l’a rappelé lundi, l’EPA avait réaffirmé que le glyphosate n’était « probablement pas cancérigène pour les humains ».

Bayer confronté à 13 400 recours en justice
Dans un communiqué, Bayer s’est dit « déçu » de la condamnation et a annoncé son intention de faire appel. Le montant élevé des dommages-intérêts punitifs sera probablement réduit en vertu de la jurisprudence de la Cour suprême des États-Unis, qui empêche qu’ils soient supérieurs à neuf fois la somme des dommages-intérêts.

En août dernier, Monsanto avait été condamné à verser 289 M$ au jardinier Dewayne Johnson, déjà défendu par les mêmes avocats de Baum, Hedlund, Aristei & Goldman. La peine avait ensuite été réduite à 78 millions. L’entreprise a été une nouvelle fois condamnée il y a deux mois à verser 81 M$ à un retraité, Edwin Hardeman.

Dans son dernier rapport annuel, Bayer disait faire face, au 28 janvier dernier, à des procédures lancées par « approximativement 11 200 plaignants » exposés à des produits Monsanto à base de glyphosate aux Etats-Unis. Trois mois et demi plus tard, le nombre des procédures s’élève à 13 400. Le 26 avril, les actionnaires de Bayer ont d’ailleurs infligé au groupe un rare désaveu en votant contre sa direction, lors de la première assemblée générale tenue après le coûteux rachat de Monsanto.

Le prochain procès contre Monsanto se tiendra en août dans le Missouri. C’est la première fois qu’interviendra un jury hors de Californie. C’est aussi dans le Missouri, à Saint-Louis, que se trouve le siège social de Monsanto.