Maternités et Hopitaux publics

Le Parisien - Villiers-le-Bel : l’hôpital sous le choc après le suicide d’un agent

Mars 2016, par Info santé sécu social

L’hôpital Adélaïde Hautval, ex-Charles-Richet de Villiers-le-Bel, est en deuil. Thierry, électricien dans l’établissement gériatrique depuis 35 ans, s’est suicidé le 20 février. Une réunion entre la CGT et la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) est prévue ce jeudi.

« Nous avons attendu avant de communiquer pour respecter le deuil de la famille, indique Martine Da Luz, secrétaire CGT de l’établissement, qui s’est finalement exprimée ce mercredi sur le drame, en accord avec les proches du défunt. Nous sommes nous-mêmes toujours sous le choc et ressentons une colère et une peine immense. »

Le syndicat, dont ce père de famille de 55 ans était militant, voit dans ce geste un lien direct avec le projet de transformation de l’hôpital. L’AP-HP a entamé en janvier la fermeture progressive de la quasi-totalité des services de la structure de 500 lits, transférés vers d’autres établissements, tout comme le personnel, jusqu’à 2018. Seule une maison de retraite de 120 lits doit être conservée sur le site.

Une rencontre prévue ce jeudi avec la direction de l’AP-HP

« Pour lui, partir de Richet, c’était un déracinement qu’il ne supportait pas, analyse la syndicaliste. Il y était très attaché. Ses parents ont travaillé dans l’hôpital, ses sœurs y sont employées. Il venait de recevoir sa convocation à la cellule de mobilité. Et on sait que les services techniques auxquels il appartenait sont les plus menacés. Des problèmes personnels, tout le monde en a. Mais quand on n’a plus de perspective d’avenir professionnel, c’est encore plus difficile. Le travail est toujours en lien avec la vie personnelle. »

Suite à ce drame, le syndicat a obtenu de la direction la suspension pendant quinze jours des convocations à la cellule de mobilité. « L’administration ne pouvait pas ignorer la possibilité de passage à l’acte d’un agent, insiste Martine Da Luz. Nous ne sommes pas à l’abri d’autres suicides. »

Jean-Pierre Blazy, député-maire PS de Gonesse où résidait l’agent, a également vivement réagi à cette disparition. Lors d’une rencontre avec l’Agence régionale de santé (ARS), en décembre, il avait lui-même demandé un moratoire. C’est-à-dire le gel des fermetures de lits et les transferts de personnels pour « prendre le temps de l’échange et de la concertation ». Une réponse orale négative lui avait été formulée quelques semaines plus tard.

« Après ce drame, le moratoire s’impose désormais, écrit l’élu dans un communiqué. Les raisons d’un passage à l’acte sont souvent complexes, mais on ne peut ignorer que ce drame s’est produit dans un contexte de tension sociale très fort. »

De son côté, la direction de l’AP-HP n’a pas souhaité communiquer sur ce geste. « Il existe un rapport de police qui met en avant des éléments de la vie personnelle de cet agent » pour expliquer ce suicide, a-t-elle tout de même indiqué.