Le droit à la santé et à la vie

Le Quotidien du médecin - 330 médecins pour 100 000 habitants, le grand écart entre les départements

Mai 2017, par Info santé sécu social

Marie Foult
La France compte en moyenne 330,7 médecins en activité régulière pour 100 000 habitants (tous modes d’exercice), selon la nouvelle cartographie interactive du conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), dévoilée ce mardi matin.

Mayotte, plus faible densité de très loin

Le département qui affiche la plus forte densité médicale (tous modes d’exercice, toutes spécialités) reste Paris avec 681 praticiens en activité régulière pour 100 000 habitants. La plus faible densité est subie à Mayotte (133 médecins pour 100 000 habitants !) et en Guyane (231). En France métropolitaine, les écarts vont du simple au double entre des départements à faible densité médicale comme la Seine-et-Marne (215), la Vendée (224) ou l’Essonne (231) et des départements bien pourvus médicalement comme la Haute-Vienne (399) ou la Somme (429).

L’Ordre recense 87 275 généralistes en activité régulière en 2017 (tous modes d’exercice), avec une moyenne de 131 médecins de famille pour 100 000 habitants. C’est dans les Hautes-Alpes que la densité est la plus forte (194,3 généralistes pour 100 000 habitants). À l’inverse, de nombreux départements présentent des densités de généralistes inférieures à 100 (Cher, Ain, Aisne, Eure, Eure-et-Loir, Sarthe…).

Paris a perdu 15 % de ses généralistes depuis 2010

Les variations d’effectifs sont édifiantes. Sur la période 2010-2017 le nombre de généralistes a baissé de 10 % – dans l’Yonne et l’Indre, cette chute atteint même 20 %. Paris a subi une baisse de 15,5 % du nombre de ses généralistes sur la période.

Certaines spécialités subissent des variations encore plus spectaculaires. « C’est le cas de l’ophtalmologie, spécialité en forte tension », précise le Dr Jean-Marcel Mourgues, président de la section santé publique et démographie médicale à l’Ordre national. En sept ans, les effectifs ont baissé de 54 % en Haute-Saône, d’un tiers en Lozère ou dans les Alpes-de-Haute-Provence. Mais ils ont grimpé d’un quart dans la Meuse et même de 37 % dans les Hautes-Alpes ou en Corse du Sud !

Effet limité des zones définies comme déficitaires

Le Dr Mourgues met en lumière l’impact limité des zones dites déficitaires, définies comme telles par les agences régionales de santé (ARS) et qui conditionnent les aides à l’installation censées faire venir les nouveaux médecins. Une carte permet de juxtaposer ces zones déficitaires et les « vissages de plaque » de généralistes. « Je ne ferai pas de commentaires mais quand on voit ce que ça donne, on constate que les deux données ne sont pas superposées mais plutôt complémentaires », a-t-il déclaré. Dans la Vienne par exemple, alors que c’est le sud du département, autour des communes de Civray et Charroux, qui est classé déficitaire, tous les vissages de plaques se sont faits dans le centre du département, et à Poitiers et ses environs.

Des initiatives qui marchent

En parallèle de ces constats, le Dr François Arnault, délégué général aux relations internes du CNOM, a présenté une initiative réussie pour endiguer la désertification médicale : le réseau de la « montagne Limousine ». Trois cabinets médicaux situés en Haute-Corrèze et dans la Creuse ont mis en commun leurs fichiers via un réseau informatique. Les six médecins – dont l’un est enseignant à la faculté de Limoges – accueillent un chef de clinique, des internes et des étudiants et participent à la permanence des soins. « Si les médecins n’avaient pas trouvé cette solution, ils ne seraient pas restés, souligne le Dr Arnault. Ce mode d’organisation permet de dégager du temps médical et du repos. »

22 000 médecins diplômés à l’étranger

Comme « le Quotidien » l’avait annoncé, plus de 22 000 praticiens exerçant une activité régulière en 2017 ont été diplômés à l’étranger, soit 11 % de la profession (10 031 diplômés au sein de l’Union européenne et 12 545 hors UE).