Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Quotidien du médecin - Covid-19 : les cas ne baissent plus, faut-il craindre un rebond ?

Mars 2022, par Info santé sécu social

PAR DAMIEN COULOMB - PUBLIÉ LE 11/03/2022

À quelques jours de la fin de l’obligation du port du masque, le ministre de la santé Olivier Véran a dit craindre ce 11 mars un rebond de l’épidémie de Covid-19. « Nous constatons actuellement un rebond, en France, dans les pays qui nous entourent, c’est-à-dire que le Covid ne baisse plus, il augmente même », a dit le ministre lors d’un déplacement en Isère. Les contaminations remontent depuis plusieurs jours. Les nouveaux cas atteignaient 74 818 le 10 mars au soir contre 60 225 une semaine auparavant.

« Il est encore trop tôt pour parler de rebond », tempère Isabelle Parent du Châtelet responsable de l’unité infections respiratoires et vaccination de Santé publique France (SPF). En semaine 9 (entre le 23 février et le 6 mars), le taux d’incidence a diminué de 7 % pour s’établir à 546 cas pour 100 000 habitants. Une baisse qui se « tasse », comparée à la chute de 30 % observée en semaine 8 et les précédentes. Deux régions métropolitaines connaissent une hausse de leurs taux d’incidence - Bretagne et Normandie - tandis que l’Île-de-France reste stable.

En revanche, les passages aux urgences (3 812 soit -14 %), les nouvelles hospitalisations (5 386 soit -22 %), les nouvelles admissions en services critiques (632 soit -24 %) et le nombre de décès (944 soit -23 %) poursuivent leur diminution, compte tenu du décalage avec l’évolution du nombre de cas.

Relâchement des gestes barrières

Le variant Omicron représente 99,9 % des séquences interprétables et le sous-lignage BA.2 est désormais majoritaire (52 %). « Les données étrangères montrent que le sous-lignage BA.2 est plus transmissible que le BA.1, ce qui explique le remplacement progressif du BA.1 par le BA.2 », explique Justine Schaeffer, chargée de projet expertise variants Covid à SPF.

Ce remplacement pourrait-il être à l’origine d’un rebond épidémique  ? Pas à lui seul, selon une modélisation de l’institut Pasteur dans un complément d’analyse publié le 10 mars qui pointe davantage le relâchement des gestes barrières.

De plus, Santé publique France « a réalisé une étude (non publiée, NDLR) à partir des données françaises et étrangères selon laquelle il n’y avait pas de corrélation entre le remplacement du BA.1 par le BA.2 et une augmentation de l’incidence, ajoute Justine Schaeffer. Le facteur qui semble critique est le changement des comportements. Cela pourrait provoquer un arrêt de la décroissance ». Autre point important : environ 30 % de la population française a été déjà infectée par Omicron, « ce qui induit des importants niveaux d’immunité très protecteurs contre les formes sévères », rassure-t-elle.

Quelle évolution dans les semaines à venir  ?

Autre hypothèse évoquée : la rentrée des classes a-t-elle eu un impact sur la dynamique de l’épidémie  ? Un frein a pu être levé avec la fin des vacances, mais c’est surtout un « cocktail de facteurs », a expliqué à l’AFP le Pr Arnaud Fontanet. « Si on regarde les données des différentes zones scolaires, il n’y a pas de corrélation entre rentrée de classe et augmentation des cas dans les classes d’âges scolarisées », répond Guillaume Spaccaferri, épidémiologiste à SPF.

Dans la zone B en particulier, la seule pour laquelle les épidémiologistes ont suffisamment de recul, la rentrée des classes ne s’est pas accompagnée d’une augmentation du nombre de cas dans les classes d’âge 0 à 9 ans et 10 à 19 ans.

Dans la mise à jour de leur évaluation, les modélisateurs de l’institut Pasteur explorent plusieurs scénarios pour les semaines à venir. Les chercheurs estiment que les Français ont globalement augmenté leurs contacts de 40 % à partir du 22 février. Le pic de contamination pourrait dépasser 100 000 cas quotidiens en mars à la suite du relâchement des mesures de contrôle. Mais « dans tous les scénarios explorés, le pic des cas reste très inférieur au pic de janvier », rassurent-ils.