Le droit à la santé et à la vie

Le Quotidien du médecin - Grippe : pour les urgentistes, les hôpitaux sont bel et bien débordés

Janvier 2017, par Info santé sécu social

À l’issue d’une réunion de crise organisé autour du président de la République François Hollande, la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a reconnu que les hôpitaux étaient sous « tension » face à l’épidémie de grippe mais assuré qu’ils n’étaient « en aucun cas débordés », martelant le message qu’elle avait déjà adressé la veille. Elle a été relayée dans ses propos par le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, qui s’est montré rassurant quant à la situation des 39 hôpitaux du CHU francilien.

Interrogé par le journal « le Monde », le président de SAMU-Urgence de France se veut autrement plus alarmiste : « Certains hôpitaux sont tellement surchargés que les ambulanciers ne peuvent même plus décharger leurs patients, la situation est extrêmement critique. »

Une hausse d’activité prévisible, mais insoutenable

Du côté de la CGT-Santé, le malaise des services d’urgences est plus profond. Le syndicat dénonce des conditions « inacceptables et inhumaines », et affirme que « notre système est tellement sous tension qu’il est incapable de gérer une hausse d’activité, liée à une épidémie de grippe tout à fait prévisible, comme il s’en produit tous les quatre à cinq ans ».

Depuis mercredi, le nombre d’hôpitaux ayant mis en place les mesures du plan « hôpital en tension » est passé de 142 à 192. Selon Marisol Touraine, « trente hôpitaux supplémentaires ont déprogrammé des activités médicales ou chirurgicales, non urgentes évidemment, pour permettre d’accueillir dans les meilleures conditions les patients malades de la grippe ».

En quatre semaines, 784 000 personnes ont consulté un médecin pour une grippe, d’après le réseau de surveillance Sentinelles-INSERM. Et depuis le 1er novembre, 52 personnes sont décédées en réanimation à l’hôpital, selon Santé publique France.

La médecine de ville oubliée

Dans un communiqué de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), son président, le Dr Jean-Paul Ortiz, dénonce un nouvel oubli de la médecine de ville. « Alors que l’hôpital est présenté comme l’unique recours, la CSMF rappelle que plus de 90 % des cas sont pris en charge par la médecine de ville, en particulier les médecins généralistes qui font face aussi à un afflux de demandes en soins de la population », s’indigne-t-il.

Pour le syndicat, l’engorgement des hôpitaux s’explique notamment par le manque de prévention et les messages contradictoires des pouvoirs publics sur la vaccination et le manque de moyens attribués à la médecine de ville en matière de prévention.

« Résultat, seuls 52 % des 65 ans et plus se sont fait vacciner contre la grippe saisonnière 2015-2016, bien loin de l’objectif de 75 % ! », constate le Dr Ortiz qui souligne que l’expérimentation de la détention du vaccin contre la grippe dans les cabinets de médecins généralistes a été censurée dans le PLFSS.