Le droit à la santé et à la vie

Le Quotidien du médecin - Grippe : une surmortalité de 8 100 depuis le début de l’épidémie

Janvier 2017, par Info santé sécu social

Damien Coulomb

Depuis le début de l’épidémie de grippe, il y a 5 semaines, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) dénombre 8 100 décès supplémentaires, a-t-on appris lors d’un point d’information organisé ce mercredi matin au ministère des Affaires sociales et de la Santé.

La part de ces décès excédentaires, comparés à la mortalité attendue directement imputable a la grippe, serait « de l’ordre de 75 % », selon le Dr François Bourdillon, directeur général de l’agence Santé publique France. Ce chiffre est à comparer à celui relevé à la fin des 9 semaines d’épidémie de grippe A 2014-2015, au cours desquelles 18 300 décès supplémentaires avaient été enregistrés.

L’épidémie de cette année, qui a commencé en décembre 2016, est souvent comparée à l’épisode épidémique 2014-2015. Dans les deux cas, la souche circulante majoritaire est l’influenza A H3N2, responsable d’infections très sévères chez les personnes âgées et vulnérables. Selon le Dr Bourdillon, il est pour l’instant impossible de savoir si le nombre de décès supplémentaires à la fin de l’épidémie sera comparable à celui relevé en 2015. Toutefois, précise-t-il, « c’est une épidémie d’une grande sévérité dont les tendances ressemblent à celles de 2014-2015 ».

362 décès en EHPAD

Les chiffres les plus précis dont dispose l’agence Santé publique France concernent les 10 000 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), où 12 000 résidents répartis dans 1 393 foyers infectieux ont été victimes d’une infection respiratoire aiguë depuis octobre, dont 39 % de cas de grippes. À la date du 24 janvier, 362 personnes âgées sont décédées en EHPAD, suites d’une infection respiratoire aiguë.

La région Rhône-Alpes est la seule région où l’épidémie a amorcé sa décrue. « Le pic épidémique n’est pas encore atteint », reconnaît François Bourdillon. Le taux de consultation pour syndrome grippal est de 437/100 000 habitants contre 409/100 000 la semaine dernière. Le nombre de passages aux urgences pour grippe ou syndrome grippal (4 744) et d’hospitalisations (728) a en revanche diminué la semaine dernière. Depuis le début de l’épidémie, la part des hospitalisations après passage aux urgences est très élevée : 15 %.

Le système de santé reste donc très sollicité, même si le nombre d’établissements ayant activé un dispositif « Hôpital en tension » a diminué depuis la semaine dernière. Il y a désormais 119 établissements dans toute la France qui ont été contraints de déprogrammer certaines hospitalisations pour libérer des lits d’aval.

Grippe à l’EPHAD Korian-Berthelot, le rapport IGAS attendu « d’ici à une semaine »

Le directeur général de la santé Benoît Vallet est revenu sur le cas des 13 décès survenus au cours du mois de décembre à l’EPHAD Korian-Berthelot, à Lyon.

« Le rapport de la mission d’inspection à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a été transmis aux agences régionales de santé pour une discussion contradiction, a-t-il précisé. Les conclusions seront communiquées d’ici à une semaine. » Diligenté le 7 janvier par la ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine, cette mission doit éclaircir les causes de l’évènement. Les premiers éléments avancés par l’entreprise Korian-Berthelot font état de difficultés dans la mise en place de la campagne de vaccination dans cet établissement.

Selon les chiffres présentés par Benoît Vallet, 83 % des résidants en EPHAD sont vaccinés contre la grippe cette année. Un taux supérieur aux 46,4 % observés chez les 10 millions de Français vulnérables (plus de 65 ans, femmes enceintes, immunodéprimés). En revanche, seulement 12 % des personnels travaillant en EPHAD sont vaccinés. Une réunion doit se tenir le vendredi 27 janvier autour de Benoît Vallet pour examiner les propositions du comité d’orientation de la concertation citoyenne sur la vaccination, afin d’examiner les pistes d’amélioration de la couverture vaccinale du personnel soignant.