Les données de santé et leur protection

Le Quotidien du médecin - L’état de santé des Français est marqué par les inégalités sociales, selon la Drees

Septembre 2022, par Info santé sécu social

PAR ELSA BELLANGER - PUBLIÉ LE 21/09/2022

Espérance de vie, prévalence des maladies chroniques, accès aux soins et aux dépistages : le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur l’état de santé de la population française met en évidence le poids des inégalités sociales sur la condition physique et mentale tout au long de la vie.

Ces inégalités se manifestent dès le plus jeune âge. « La prématurité et les petits poids des bébés à la naissance sont plus fréquents lorsque la mère est de milieu modeste », indique la Drees. Et, « deux fois plus d’enfants d’ouvriers que d’enfants de cadres se retrouvent déjà en surpoids en grande section maternelle ». Dans l’enfance, alors que la prévalence des troubles de la vue est identique, les enfants d’ouvriers sont 31 % à porter des lunettes contre 37 % des enfants de cadres.

Les catégories les plus défavorisées sont ensuite plus affectées par les maladies chroniques. Les 10 % des Français les plus pauvres développent par exemple 2,8 fois plus souvent un diabète que les 10 % les plus aisés. Ces écarts concernent également la santé mentale. En métropole, les plus modestes ont deux fois plus de risque de développer des symptômes évocateurs de troubles dépressifs que les plus favorisés.

Des inégalités aussi territoriales

Ces inégalités se traduisent territorialement. Si les symptômes dépressifs touchent un Français sur deux, au moins deux personnes sur dix sont concernées en Guyane ou à Mayotte. Les prévalences d’obésité, plus importantes chez les plus modestes, sont également plus élevées dans le nord de la France et dans la plupart des Drom, où la consommation de boissons sucrées est aussi plus répandue.

Ces écarts territoriaux apparaissent aussi en matière d’espérance de vie (plus faible dans le nord, l’est et en outre-mer) et s’inscrivent dans un contexte où les inégalités d’accès aux soins (en particulier aux médecins généralistes libéraux) « s’accentuent », risquant de « pénaliser plus fortement les personnes les plus modestes », est-il encore relevé.

L’exception des cancers

Dans ce sombre tableau, le « cas des cancers se distingue », souligne le rapport. « Les cancers surviendraient un peu moins fréquemment chez les personnes avec les niveaux de vie les plus modestes ». Et, « tandis que les personnes aisées sont plus souvent prises en charge pour des cancers de la prostate et du sein, c’est l’inverse pour le cancer du poumon », lit-on. Ce constat peut relever d’une « situation contrastée », dans la mesure où les plus aisés ont plus recours aux tests de dépistage, est-il expliqué.

Ces disparités sociales relèvent de nombreux facteurs, poursuit la Drees : les conditions de vie et de travail, l’accès aux soins, la littératie en santé ou encore les comportements individuels en lien avec la santé. Le service statistique du ministère de la Santé ajoute également que « certaines maladies, particulièrement les maladies d’apparition précoce telles que certaines maladies psychiatriques ou neurologiques sévères (schizophrénie, épilepsie), peuvent impacter la trajectoire éducative et sociale des individus et maintenir ou faire basculer ces individus dans les catégories sociales les plus défavorisées ».

DREES