Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Le Quotidien du médecin - La pandémie en pleine expansion atteint « un point critique » dans le monde, alerte l’OMS

Avril 2021, par Info santé sécu social

PAR ELSA BELLANGER - PUBLIÉ LE 13/04/2021

Après le ralentissement de l’épidémie observé en janvier et février, la pandémie atteint désormais un « point critique », alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La trajectoire de cette pandémie est en pleine expansion. Elle croît de manière exponentielle. Ce n’est pas la situation dans laquelle nous voulons nous trouver 16 mois après le début de la pandémie, alors que nous disposons de mesures de contrôle efficaces », s’est inquiétée Maria Van Kerkhove, responsable technique de la lutte contre le Covid-19 à l’OMS, lors d’un point presse le 12 avril.

La semaine dernière dans le monde, le nombre de cas a progressé de 9 % et les décès de 5 %. Après une baisse des contaminations en début d’année, la tendance s’inverse depuis plusieurs semaines. « C’est la septième semaine consécutive d’augmentation des cas et la quatrième semaine consécutive d’augmentation des décès », déplore le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, soulignant la forte augmentation des cas enregistrée la semaine dernière, notamment dans plusieurs pays d’Asie et du Moyen-Orient.

En Inde, le nombre de cas a dépassé, le 12 avril, celui du Brésil. Alors que les États-Unis restent le pays le plus touché (plus de 550 000 de décès pour plus de 31 millions de cas recensés), l’État indien est en deuxième position en nombre de cas (13,5 millions d’infections) devant le Brésil (13,48 millions).

En Inde, 65 % des nouveaux malades auraient moins de 45 ans

Après un confinement parmi les plus stricts du monde l’an dernier, l’Inde n’a pas imposé, depuis, de restrictions trop contraignantes à sa population. Mais dans l’État du Maharashtra, le plus touché par la vague actuelle, les autorités locales, qui ont déjà mis en place un couvre-feu nocturne et un confinement le week-end, envisagent de nouveau un confinement strict. Un représentant du gouvernement de New Delhi, défavorable à cette mesure, a indiqué que 65 % des nouveaux malades sont âgés de moins de 45 ans et n’exclut pas un confinement si les lits d’hôpitaux venaient à manquer. Le pays a déjà annoncé un ralentissement de ses exportations de vaccins.

En Asie toujours, le Cambodge et la Thaïlande, jusqu’ici préservés, enregistrent depuis quelques jours une hausse des cas. Au Bangladesh, les autorités ont imposé le 12 avril la fermeture des bureaux et des transports internationaux et nationaux pour huit jours à partir de mercredi, face à la recrudescence des contaminations.

En Amérique du Sud, la situation reste hors de contrôle au Brésil, pays parmi ceux qui ont enregistré le plus de nouveaux décès dans leurs derniers bilans (2 616 nouveaux morts sur la journée du 10 avril). En Colombie, deuxième pays le plus touché par l’épidémie en Amérique Latine, la capitale est reconfinée. L’Argentine, connaissant elle aussi une augmentation exponentielle des contaminations, est depuis le 9 avril sous couvre-feu pour trois semaines.

L’Europe franchit le seuil du million de morts

En Europe, dans les 52 pays et territoires de la région, le seuil du million de morts a été franchi le 12 avril, selon un comptage réalisé par l’AFP à partir de bilans fournis par les autorités de santé. Parmi les pays les plus durement touchés, la République tchèque est celui qui déplore le plus grand nombre de morts par rapport à sa population, avec 260 décès pour 100 000 habitants, suivi par la Hongrie (240), la Bosnie (222), le Monténégro (217) et la Bulgarie (206).

Face à ces flambées, le vaccin est un outil « vital et puissant », mais il n’est « pas le seul », a insisté le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, rappelant la nécessité de maintenir les mesures « efficaces » : distanciation physique, masques, hygiène des mains, ventilation, dépistage, recherche des contacts, isolement et quarantaine.

Des raisons « d’être optimistes »

« L’OMS ne veut pas voir des confinements sans fin (...). Mais pour l’instant, dans de nombreux pays, les unités de soins intensifs sont débordées et des gens meurent - et c’est totalement évitable », a-t-il poursuivi. Selon lui, les pays qui s’en sortent le mieux appliquent une « combinaison de mesures adaptées, mesurées, agiles et fondées sur des données ». Mais, dans certains pays, « malgré la poursuite de la transmission, les restaurants et les boîtes de nuit sont pleins, les marchés sont ouverts et bondés, et peu de gens prennent des précautions », a-t-il regretté.

Si la pandémie est « loin d’être terminée », il existe « de nombreuses raisons d’être optimistes », selon le patron de l’OMS. « La diminution du nombre de cas et de décès au cours des deux premiers mois de l’année a montré que ce virus et ses variants pouvaient être arrêtés, juge-t-il. Avec un effort concerté pour appliquer des mesures de santé publique et une vaccination équitable, nous pourrions maîtriser cette pandémie en quelques mois ».