Les mobilisations dans les hôpitaux

Le Quotidien du médecin - Le chef des urgences de Rouen compare les internes grévistes à des « ouvriers de raffinerie » et qualifie leur mouvement de « terrorisme », tollé chez les carabins

Novembre 2022, par Info santé sécu social

PAR LÉA GALANOPOULO - PUBLIÉ LE 04/11/2022

Le week-end dernier, la grève des internes n’a pas du tout plu à certains chefs. Dans un mail daté du 31 octobre, qui a fuité sur les réseaux sociaux, le chef des urgences adultes du CHU de Rouen dit avoir découvert avec « stupéfaction » la grève des internes. « Impossible de compter sur vous  ! », écrit, furieux, le Pr Luc-Marie Joly à ses internes, qu’il accuse même de se comporter « comme des ouvriers de raffinerie ».

Craignant pour l’organisation de son service et accusant les carabins de mettre en péril la santé des patients, le PU-PH mettait même en garde : « si vous aviez deux sous d’intelligence et de conscience, vous auriez été au moins présents ce matin, nous laissant le temps de vous réquisitionner ». Un mail qui a hérissé le poil des jeunes, alors que les syndicats d’internes déploraient lundi dernier des « centaines d’assignations abusives ».

« Une honte », « indécent » : le courrier rageur s’est rapidement propagé sur la toile, provoquant un tollé. « C’est ça votre vision du compagnonnage  ? Il n’y a donc aucune limite au harcèlement  ? », a réagi Olivia Fraigneau, présidente de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni). « Dis donc, professeur, tu t’es jamais demandé : mais au fait, comment ça se fait que les internes fassent tourner mon service  ? C’est quoi pour toi, de la chair à service  ? », a également fustigé le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML.

« Ça s’appelle la guerre, le terrorisme »

Mais le Pr Joly ne s’est pas laissé démonter. Trois jours plus tard, dans une interview accordée au média normand « 76actu », le chef de service persiste et signe. Il dit assumer « la totalité de ses propos ». « Je suis déjà en sous-effectif médical, je n’ai pas assez de docteurs. Lundi matin, les patients étaient très nombreux dans le service, ils attendaient depuis plus de 24 heures pour certains », justifie-t-il.

Luc-Marie Joly va plus loin et ose même qualifier le mouvement des jeunes de « terrorisme ». « Les internes ont le droit de faire grève, mais habituellement, on les réquisitionne. Là, ils se sont déclarés pendant le week-end et ont voulu une grève dure, en organisant sciemment un déficit dans la qualité des soins. Et ça, ça s’appelle la guerre, le terrorisme », lance-t-il.

En grève depuis mi-octobre contre l’allongement de l’internat de médecine générale - à effectuer en priorité en zones sous-denses -, les internes entendent bien maintenir la pression sur le gouvernement. De nouvelles journées d’actions sont prévues les 17 et 18 novembre.