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Le Quotidien du médecin - Objectif C à 50 euros : une coordination issue des réseaux sociaux veut lancer un mouvement de grève pour le 1er décembre

Octobre 2022, par Info santé sécu social

PAR VÉRONIQUE HUNSINGER - PUBLIÉ LE 18/10/2022

Les négociations conventionnelles – dont le démarrage est prévu fin octobre – n’ont même pas encore débuté que les syndicats de médecins libéraux commencent déjà à être aiguillonnés par leur base. Un appel à la grève pour le jeudi 1er décembre a même été lancé par une coordination pilotée par une vingtaine de praticiens avec pour revendication première la hausse de la valeur de la consultation de base à 50 euros.

C’est sur le groupe Facebook « Le divan des médecins » que les discussions ont commencé à se cristalliser autour de la prochaine convention médicale, au point qu’un second groupe consacré aux revendications des médecins libéraux a été créé en septembre. Les « médecins pour demain » sont désormais un peu plus de 7 000 – dont 1 400 praticiens ont rejoint la conversation rien qu’au cours de la semaine passée.

« Rien ne bouge », redoute une généraliste nantaise

« Sur Facebook, nous nous sommes rendu compte que beaucoup d’entre nous avions les mêmes revendications, raconte au « Quotidien » la Dr Christelle Meurisse, généraliste installée à Nantes depuis une dizaine d’années. Nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à faire car notre profession ne va pas bien. La nouvelle convention médicale va arriver et rien ne bouge. »

Pour l’heure, cette coordination médicale ne s’oppose pas aux syndicats, seuls habilités à négocier avec l’Assurance-maladie. « Il y a des médecins syndiqués dans notre groupe, précise la généraliste qui fait partie de la vingtaine de membres qui anime cette communauté. Mais on voit bien que très peu de médecins sont syndiqués et que la participation aux élections pour les URPS a été très faible. Nous souhaitons rassembler le plus de médecins possibles pour peser. »

Temps médical de qualité

Si la revalorisation significative de la consultation de référence est la revendication la plus fédératrice, elle n’est pas le seul sujet de discussions de ces praticiens qui s’inquiètent de l’alourdissement de leurs charges, râlent contre la multiplication des « lapins », déplorent la surcharge paperassière de leur exercice et s’émeuvent des positions de l’Ordre sur le partage des compétences avec les paramédicaux. « Nous voulons avoir plus de temps médical de qualité et cela passe par une hausse du C à 50 euros, pour être dans la moyenne européenne », plaide la Dr Meurisse.

Aucune rencontre présentielle entre ces contestataires « coordonnés » – de tout âge, région ou spécialité – n’a encore eu lieu. Les membres du collectif sont en train de se compter et de s’organiser au niveau régional. Mais la coordination a déjà créé son site web et entend continuer à interpeller la profession – comme la Dr Meurisse l’a elle-même fait publiquement lors de l’assemblée générale de la Carmf à Paris, samedi dernier.

Les coordinations, une longue histoire de luttes

Cette histoire n’est pas sans rappeler les premiers pas de l’UFML, née en 2012 d’un groupe Facebook intitulé « les médecins ne sont pas des pigeons ». De groupe informel en ligne, il est rapidement devenu association puis un syndicat en 2017. Désormais habilité à négocier la prochaine convention médicale, son président le Dr Jérôme Marty, ne voit pas forcément d’un mauvais œil l’irruption de cette nouvelle coordination. « Il y a beaucoup de convergences entre les revendications de ce collectif et nos positions et nous avons un regard bienveillant sur leurs actions pour lequel nous aurons un rôle de facilitateur », souligne le généraliste de Fronton.

Vingt ans plus tôt, c’est également une coordination informelle qui avait déclenché un grand mouvement de grève – au départ sur les questions de permanence de soins – et qui avait abouti à la revalorisation du C de 18,5 à 20 euros en juin 2002. Un certain nombre de leaders de ces coordinations sont ensuite entrés dans le syndicalisme médical traditionnel, notamment à la FMF qui aujourd’hui s’intéresse de près au mouvement des « Médecins pour demain ».