Luttes et mobilisations

Le Télégramme. Brest : CHRU. Un comité de défense en gestation

Mars 2016, par infosecusanté

CHRU. Un comité de défense en gestation

20 mars 2016

Jean-Luc Padellec 

Ils étaient environ 200 à manifester, hier matin, « pour la défense de l’hôpital public de Brest ». Un nombre décevant au regard de l’énorme solidarité témoignée par la population sur les réseaux sociaux ces dernières semaines. Mais un premier pas tout de même vers la création d’un collectif de défense qui devrait voir le jour prochainement.
L’appel, lancé par les deux syndicats CGT et Sud et aussi relayé par Vanessa Douguet, cette citoyenne dont la lettre racontant le calvaire de sa tante avait déclenché un buzz énorme sur les réseaux sociaux, n’a pas eu l’écho espéré. « Dommage, en effet, que les usagers ne soient pas plus nombreux et que la prise de conscience observée sur la toile ne se concrétise pas de façon aussi importante dans la vie réelle », regrettait d’ailleurs cette mère de famille, avant de prendre la tête du cortège qui a défilé jusqu’aux portes de l’hôpital Morvan. Si la pétition mise en ligne par les deux syndicats CGT et Sud pour réclamer plus de moyens a également recueilli, à ce jour, près de 3.000 signatures, dans la rue, cette mobilisation tarde encore à se concrétiser. Une satisfaction, néanmoins : la plupart des usagers présents au rassemblement ont accepté de laisser leurs coordonnées afin que se constitue, très prochainement, un comité de défense de l’hôpital public brestois.

« La santé est ce que l’on a de plus important »

Au micro, Thomas Bourhis, secrétaire général de la CGT du CHRU Brest, a rappelé combien le soutien de la population faisait chaud au coeur de tous les soignants qui oeuvrent au quotidien pour la prise en charge des patients. « Je signe, parce que la santé, c’est bien ce que l’on a de plus important et il est temps que l’on arrête cette logique financière, dans ce domaine comme dans tous les autres », témoignait Elodie, jeune femme de 33 ans venue avec ses deux enfants. Dans un tract diffusé à tous les participants, on pouvait aussi lire la lettre ouverte d’une soignante expliquant son quotidien au CHRU, au service des patients. « Bien souvent, le matin, ma blouse retirée, je repense à vous. Il ne m’est pas toujours facile d’oublier ce qui s’est passé durant ma nuit. Alors, j’emporte quelques bouts de vos vies chez moi, c’est ce qui me construit en tant que soignant, mais parfois qui me mine en tant que maman et épouse », avait-elle écrit, en appelant la population à poursuivre la lutte au côté du personnel.

La loi Touraine en ligne de mire

La lutte : le mot est lâché et reste donc d’actualité, en dépit du protocole d’accord signé en début de semaine entre les syndicats et la direction. Car si la gouvernance s’est engagée à créer une trentaine de postes et à ouvrir une unité post-urgences à La Cavale-Blanche, pour les deux syndicats à l’origine de cette manifestation, « on est encore loin du compte au regard des besoins et en tenant compte des 168 postes supprimés dans le cadre du plan de retour à l’équilibre financier. » Présente également ce samedi matin à Brest, la Concarnoise Hélène Derrien, qui préside depuis fin 2015 la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, a rappelé que « ce qui se passe à Brest se passe malheureusement partout en France ». Pour elle, « la vigilance est plus que jamais de mise car, derrière la loi Touraine qui installe des groupements hospitaliers de territoire censés consolider l’excellence de notre système de santé, selon les termes de la ministre, se cache en réalité la volonté de créer des établissements pivots, un par département, ce qui conduira à éloigner encore un peu plus les gens de la proximité des soins. »