L’hôpital

Le blog de Médiapart - Samu de Strasbourg : un an après, le combat se poursuit

Décembre 2018, par Info santé sécu social

29 déc. 2018 Par albert herszkowicz Blog : Le blog de albert herszkowicz

Une marche blanche a lieu à Strasbourg en mémoire de Naomi Musenga et afin d’exiger toute la lumière sur les circonstances du drame. C’est l’ensemble du service public de la santé qui souffre et doit enfin bénéficier de moyens de fonctionner.

Nos pensées vont vers la mémoire de Naomi ainsi que vers la famille Musenga, qui mène un juste combat afin d’obtenir toute la lumière sur les circonstances du drame.

Ils veulent la vérité sur les négligences et l’absence de supervision qui ont contribué à la mort de Naomi, ainsi que sur les carences graves qui ont suivi son décès.

Ainsi l’autopsie n’a été réalisée que 5 jours plus tard après sa mort. Les parents ont rencontré de nombreuses difficultés pour obtenir des éléments d’information.
L’attitude des responsables médicaux auxquels ils ont eu à faire face semble particulièrement choquante.

Notre entier soutien à leur détermination.
Le dysfonctionnement dramatique et sans doute mortel dans ce cas renvoie aux graves problèmes de qualification et de formation qui minent les hôpitaux. Les alertes sont nombreuses à ce sujet depuis longtemps

Selon l’enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur les circonstances de la mort, « les dysfonctionnements relevés avaient entraîné un retard global de prise en charge [de Naomi Musenga] de près de 2h20 ».

La famille de Naomi Musenga avait porté plainte et en juillet dernier obtenu du procureur de la République de Strasbourg,l’ouverture d’une information judiciaire du chef de non-assistance à personne en péril contre l’opératrice du centre des appels d’urgence, ainsi que du chef d’homicide involontaire contre X ». La famille reçue en juillet par la juge d’instruction chargée de l’affaire, se voyait annoncer la nomination d’un collège d’experts afin d’aller plus loin dans l’enquête.

Ce qui a changé, depuis, au Samu de Strasbourg
Après plusieurs semaines d’enquête administrative, les inspecteurs des affaires sociales avaient dévoilé en juin leurs conclusions et leurs préconisations pour le Samu de Strasbourg. Organisation, répartition des rôles, harmonisation des pratiques… Un an après le drame, des audits ont été menés. le service de gestion des appels « a été renforcé, par des infirmières en reclassement notamment », explique Christian Prud’homme, secrétaire général FO des Hus. « Il y a eu de vrais efforts pour trouver des effectifs, des crédits, même si cela reste tendu. Mais c’est très difficile de trouver des médecins urgentistes et le chef du service, qui avait démissionné de sa fonction, n’est pas encore remplacé », regrette le syndicaliste.

Le service des appels a aussi bénéficié du renfort du service de permanence des soins, qui gère les appels « moins importants ». Active auparavant les week-ends uniquement, « elle l’est à présent aussi en semaine, précise Christian Prud’homme. Une réponse médicale est donnée à tous les appels, tout passe par une décision médicale. »En revanche, pour les assistants de régulation médicale, pour l’instant, il n’y a toujours pas de formation diplômante. Mais cela devrait changer la rentrée 2019, car les futurs régulateurs devront suivre une formation initiale d’un an

La grève récente du SAMU de Seine-Saint-Denis le 24 décembre a rappelé une fois de plus la situation dégradée de ces services d’urgence par manque de personnel. Ceci conduit à un retard de réponse et à une mortalité augmentée, notamment dans les cas d’arrêt cardiaque ou d’AVC. Dans le contexte de la protestation sociale des Gilets jaunes, les personnels du SAMU ont obtenu satisfaction , alors que d’autres grèves hospitalières ont du en passer par des gréves de la faim afin d’obtenir quelques suppléments d’effectifs.

Un vaste mouvement de protestation est d’ailleurs toujours en cours dans les hôpitaux. On assiste également à une mobilisation à partir d’un appel de médecins hospitaliers. Ses initiateurs révèlent que malgré la proclamation d’un "plan santé" le gouvernement prévoit 1, 2 milliards de baisse de la masse salariale des hôpitaux de 20118 à 2022 . Ceci correspond à la réduction de 30 000 postes en trois ans. Ils exigent l’arrêt immédiat de toute baisse de dotation, face à une pénurie de personnels déjà criante. De plus le risque existe toujours d’une offensive de Macron contre les hôpitaux publics en tirant prétexte de leur mauvais fonctionnement, selon la méthode déjà utilisée à l’encontre de la SNCF.

La défense d’un véritable service public de la santé, capable de répondre aux besoins et demandes des patient.e.s, est plus que jamais d’actualité.