Industrie pharmaceutique

Lequotidiendumedecin.fr : 3000 euros de « cadeaux », 92 parts Sanofi… un médecin député se défend après sa mise en cause par la France insoumise

Mai 2018, par infosecusanté

3000 euros de « cadeaux », 92 parts Sanofi… un médecin député se défend après sa mise en cause par la France insoumise

Stéphane Long

19.05.2018

Un médecin peut-il détenir des actions d’un laboratoire pharmaceutique sans susciter la suspicion ? Le Dr Cyrille Isaac-Sibille est au centre d’une polémique sur le sujet. Élu en 2017 député du Rhône (Modem), l’ORL vient d’être épinglé par plusieurs élus de la France Insoumise (FI).

La scène s’est déroulée le 9 mai, devant la commission des affaires sociales (voir le résumé vidéo ci-dessous), lors de l’examen de la proposition de loi relative à l’expertise des comités de protection des personnes dont il est le rapporteur. Ce texte (examiné en séance publique le 17 mai) vise à raccourcir les délais de réalisation des essais cliniques en France en modifiant la composition des comités chargés d’évaluer ces projets.

« Vous possédez 92 parts chez Sanofi, grand laboratoire pharmaceutique, et vous avez reçu plus de 3 000 euros de cadeaux de la part des laboratoires entre 2012 et 2016 », lui a reproché, Jean-Hughes Ratenon. Pour le député FI de la Réunion, c’est bien la preuve que le Dr Isaac-Sibille est le porte-voix des labos. « La proposition de loi reprend mot pour mot ce que propose le lobby des industriels pharmaceutiques français », affirme-il.

« Mauvaise foi »

Quelques minutes plus tard, rebelote. Adrien Quatennens, député FI du Nord, repart à la charge… avant d’être sèchement coupé par la présidente de la Commission des affaires sociales, Brigitte Bourguignon. « Le rapporteur vous a répondu et nous n’allons pas revenir constamment sur cette remarque […]. Ça fait deux fois que vous en parlez en deux interventions […] », lui a-t-elle répondu, très agacée.

Joint par téléphone le 14 mai dernier, le Dr Cyrille Isaac-Sibille se défend. « C’est de la mauvaise foi, s’insurge le médecin. Ces actions de Sanofi font partie d’un PEA géré par ma banque, sans que je sache ce qu’elle y met. Je n’ai rien à cacher. Tout a été déclaré dans le détail à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. » Quant aux sommes qu’il a perçues de plusieurs laboratoires entre 2012 et 2017, elles figurent dans la « base transparence santé » dont le contenu est public, rappelle l’ORL. Vérification faite, le médecin a perçu plus de 5 600 euros au cours de cette période pour participation à des congrès et des prestations de formation (Sanofi ne figure pas dans la liste des laboratoires cités).

« Liaisons dangereuses »

Ce n’est pas la première fois que l’ORL est critiqué sur ce terrain. En février 2018, déjà, le journal en ligne « Mediacité » évoquait les « liaisons dangereuses » du député… « Plus Sanofi réalise de profits, plus le député gagne de l’argent », écrivait l’édition lyonnaise du média.

Pourquoi le médecin n’a-t-il pas vendu ses actions pour mettre fin à la polémique ? « Ce serait reconnaître que je suis coupable. Or je n’ai rien à me reprocher. Par ailleurs j’ai depuis donné pour consigne à ma banque de ne pas investir, lorsque c’est possible, dans des valeurs liées à la santé », se justifie Cyrille Isaac-Sibille.

Le médecin détient toujours 92 parts dans Sanofi, soit 6,8 %, (en valeur en 2017), de son portefeuille d’actions. S’est-il enrichi grâce à ce placement ? Pas vraiment… depuis mai 2017, l’action de Sanofi a chuté de 30 %.