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Lequotidiendumedecin.fr : 57 députés de gauche réclament le conventionnement sélectif et épinglent le lobby médical

Mars 2019, par infosecusanté

57 députés de gauche réclament le conventionnement sélectif et épinglent le lobby médical

Martin Dumas Primbault

| 25.03.2019

Le projet de loi de santé dont l’examen en première lecture à l’Assemblée nationale s’est achevé dans la nuit du 22 au 23 mars fait grincer des dents la gauche de l’hémicycle.

Dans une tribune publiée dans le « Journal du dimanche », 57 députés issus des groupes Socialistes et apparentés, France Insoumise (LFI) et Gauche démocrate et républicaine (GDR) expriment leur rejet de ce texte qualifié de « pied de nez fait aux Français qui défendent leurs services publics et qui s’inquiètent face à la désertification médicale croissante ».

Parmi les signataires, on retrouve les députés André Chassaigne, Jean-Luc Mélenchon et Valérie Rabault, respectivement présidents des groupes GDR, LFI et socialistes.

« Tout n’a pas été essayé »

Deux points de clivage sont soulignés par les députés.

Le premier a trait aux mesures visant à combattre les déserts médicaux. « Face à la désertification médicale, tout n’a pas été essayé », clament les élus signataires qui vantent explicitement les bienfaits... du « conventionnement sélectif des médecins » permettant selon eux de garantir « leur meilleure répartition et une meilleure prise en charge des patients dans tous nos territoires ». Une solution (de type un départ pour une arrivée en zone surdotée) qui a été fermement écartée par la ministre de la Santé et le co-rapporteur du projet de loi malgré une longue série d’amendements allant dans ce sens.

Les signataires de la tribune s’étonnent de ce refus du conventionnement sélectif car, disent-ils, l’idée recueille aujourd’hui un « très large consensus, tant chez les associations d’acteurs de la santé qu’auprès de la Cour des comptes ou encore du CESE ». Selon ces députés, il faut voir dans l’attitude du gouvernement le résultat du lobbying efficace des représentants des praticiens libéraux. « Faut-il en déduire que l’opposition menée par les syndicats de médecins libéraux est plus forte que la raison ? Tout semble l’indiquer », peut-on lire.

Les élus signataires doutent au passage des bénéfices de la suppression du numerus clausus si celle-ci ne s’accompagne de moyens supplémentaires octroyés aux universités pour la formation.

Des ordonnances qui font peur

L’autre grosse pierre d’achoppement concerne la refonte de la carte hospitalière sur laquelle le gouvernement a été habilité à légiférer par ordonnances. « Cela pourrait s’entendre si l’on discutait d’un point technique ou accessoire », écrivent les députés en colère. « Mais il s’agit du cœur du texte ! »

Les élus s’inquiètent du sort de certains territoires qui pourraient voir « leurs hôpitaux déclassés, leurs maternités déménagées, leurs services d’urgences fermés, leurs plateaux techniques abandonnés » sans possibilité pour eux d’en débattre à l’Assemblée. « Aussi, dans ces conditions, notre opposition à la loi santé est un devoir », concluent-ils.