L’hôpital

Lequotidiendumedecin.fr : À cause de la permanence des soins, les trois quarts des PH prêts à quitter l’hôpital dans les cinq ans

Juillet 2022, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : À cause de la permanence des soins, les trois quarts des PH prêts à quitter l’hôpital dans les cinq ans

PAR JULIEN MOSCHETTI -

PUBLIÉ LE 28/06/2022

Les chiffres font froid dans le dos. En raison de la permanence des soins (PDS), considérée comme une « corvée » pour 40 % des médecins hospitaliers, qui plus est « mal ou très mal payée » pour 88 % d’entre eux, plus des trois quarts (76%) des praticiens sont susceptibles de quitter l’hôpital public dans les cinq ans à venir. Tels sont les premiers résultats de l’enquête en ligne « Nuits blanches » sur la permanence des soins à l’hôpital réalisée par l’intersyndicale Actions Praticiens Hôpital (APH). S’ils venaient à partir, 27 % des médecins hospitaliers s’orienteraient vers un exercice libéral, 14 % vers un autre métier.

L’enquête a été menée du 13 au 27 juin 2022, auprès de près de 7 500 médecins hospitaliers, tous statuts et toutes spécialités confondus. À noter que 60 % des réponses concernent quatre spécialités : médecine d’urgence, anesthésie-réanimation, pédiatrie, psychiatrie. D’autre part, 77 % des répondants font des gardes sur place, 58 % des astreintes à domicile, la médiane étant de quatre gardes par mois dans les deux cas. Enfin, 10 % des praticiens prennent des gardes en dehors de leur établissement d’affectation, avec des modalités de rémunérations éminemment variables.

Premier enseignement : 90 % des praticiens ont une activité régulière en nuit profonde en garde (dont 73 % à chaque garde), tandis que près de la moitié (47 %) des astreintes donnent lieu à des déplacements systématiques dans la nuit. Or, plus la nuit de permanence est « intense », plus la fatigue perturbe l’organisation de la journée suivante, rappelle APH. À ce propos, 73 % des médecins hospitaliers présentent un niveau de fatigue « important » après une garde, 50 % un niveau moyen après une astreinte « déplacée ». Pire : 90 % d’entre eux sont obligés de travailler le lendemain d’une astreinte.

L’intersyndicale observe également que le repos de sécurité après une astreinte est rarement respecté, pour des raisons organisationnelles, qu’il s’agisse d’incompatibilité avec l’organisation du service (68 % des cas) ou de méconnaissance de la réglementation (23 %). Conséquence directe : 63 % des praticiens déclarent présenter des troubles du sommeil et 14 % prennent des psychotropes (médicaments voire stupéfiants) pour réguler leurs périodes de veille et de sommeil.

Reconnaissance du samedi matin

L’enquête révèle également que 94 % des praticiens militent pour que le samedi matin soit reconnu comme une période de permanence des soins (et donc indemnisée comme telle). Une revendication similaire à celle des médecins libéraux.

La majorité des praticiens estiment également que la rémunération de la PDS n’est pas du tout « raisonnable ». Selon les premiers résultats de l’étude, la médiane de l’indemnité de sujétion d’une astreinte de nuit ou de jour s’élève à 50 euros brut, tandis que celle de la garde est réglementairement fixée à 267,82 euros bruts.

Mesures d’urgence

Contactée par « Le Quotidien », la Dr Anne Geffroy-Wernet précise que les médecins hospitaliers réclament a minima le doublement de l’indemnité de garde. Selon l’ex-présidente du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (Snphare), il est tout à fait « normal » que les gardes, qui exigent notamment de rester debout, restent mieux rémunérées que l’astreinte de nuit ou de jour. Mais, il faut tenir compte du fait que les praticiens sont « tout le temps à la disposition de leur employeur durant les astreintes », plaide l’anesthésiste-réanimateur.

Les résultats de l’enquête confirment que la permanence des soins est « une contrainte majeure pour les praticiens hospitaliers », conclut APH qui précise que celle-ci n’est toujours pas légalement pas reconnue comme pénibilité liée au travail de nuit. L’intersyndicale exige en urgence la revalorisation « substantielle » de la permanence des soins : plafonnement du forfait des astreintes à 400 euros brut, garde à 600 euros, temps de travail additionnel à 650 euros et défiscalisé.

Source : lequotidiendumedecin.fr