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Lequotidiendumedecin.fr : Accès aux soins : le président de la FHF reproche aux syndicats de médecins libéraux de « faire l’autruche »

Janvier 2019, par infosecusanté

Accès aux soins : le président de la FHF reproche aux syndicats de médecins libéraux de « faire l’autruche »

Anne Bayle-Iniguez

| 24.01.2019

« Ce n’est pas une loi de santé mais à nouveau une loi hospitalière, pensée comme si l’hôpital était le seul enfant malade du système de santé. C’est exactement ce qu’on voulait éviter ! » Frédéric Valletoux est très amer sur le contenu de l’avant-projet de loi de santé du gouvernement. Ce jeudi, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) a regretté à l’occasion de ses vœux à la presse « l’hospitalocentrisme » du texte, dépourvu de mesures concernant la régulation de l’installation en ville, vieux cheval de bataille de l’organisation.

Labellisation des hôpitaux de proximité, statut des praticiens, refonte des régimes d’autorisation des activités de soins… L’hôpital s’apprête à subir son lot de réformes, principalement par ordonnances. Lesté d’un déficit de près d’un milliard d’euros en 2018, le secteur souhaiterait que la ville fasse elle aussi des efforts pour améliorer l’accès aux soins des Français en revoyant sa conception du maillage territorial. « Sur la permanence des soins, il n’y a rien »

Pas d’installation « dirigiste »

Habitué à irriter les syndicats de médecins libéraux avec cette position, Frédéric Valletoux s’est défendu d’être un « un défenseur de l’installation dirigiste ». « Par contre, il y a des vrais outils de régulation, comme ceux liés au conventionnement [sélectif, NDLR], qui peuvent être mis en œuvre. Cela permettrait [aux territoires] d’être un petit peu plus incitatifs qu’avec la petite bourse ou la petite aide fiscale qu’on essaye de mettre autour du cou comme un hochet à ceux qui viennent s’installer dans tel et tel endroit. »

Pour le maire de Fontainebleau, accepter la mise en place d’un conventionnement territorial sélectif, mesure rejetée une fois de plus mercredi par les députés, permettrait d’éviter justement... le recours à des mesures plus « extrêmes » comme la fin de la liberté d’installation.

Ceux qui « refusent le débat »

C’est aussi, juge-t-il, une réponse responsable au problème récurrent d’accès aux soins, dénoncé dans le cadre du grand débat national par des usagers et des maires. « Je l’ai souvent dit aux syndicats de médecins, a-t-il plaidé. Faire l’autruche, ce n’est pas la meilleure manière d’agir. On a parfois l’impression que les syndicats de médecins, par nature et par principe, refusent le débat. Or, ce débat est aujourd’hui posé par tous les Français et par tous les élus locaux qui constatent que la difficulté d’accès aux soins est de plus en plus forte. » La FHF remettra sa contribution au grand débat mi-mars. Parmi les propositions sur l’accès aux soins, la régulation de l’installation des médecins de ville devrait trouver sa place.

La FHF a voté ce mercredi en conseil d’administration l’envoi d’un « vœu » pour le système de santé aux collectivités territoriales de France. Cette lettre réaffirme les grands principes défendus par la fédération : lutte contre la désertification médicale et garantie d’accès aux soins, fin des « directives nationales technocratiques », prise en charge des spécificités territoriales, développement d’outils, d’incitations et de financement pour une « implantation équitable des services de santé » et une meilleure coopération entre les acteurs sanitaires, renforcement du service public hospitalier et médico-social et revalorisation de l’attractivité des métiers hospitaliers et médico-sociaux.