Covid-19 (Coronavirus-2019nCoV) et crise sanitaire

Lequotidiendumedecin.fr : Covid-19 : seul un patient hospitalisé sur 4 est rétabli à un an, selon une étude britannique

Avril 2022, par infosecusanté

Lequotidiendumedecin.fr : Covid-19 : seul un patient hospitalisé sur 4 est rétabli à un an, selon une étude britannique

PAR ELSA BELLANGER -

PUBLIÉ LE 25/04/2022

Chez les patients hospitalisés pour Covid-19, seul un sur quatre s’est totalement rétabli un an après sa sortie de l’hôpital, rapporte une étude publiée dans « The Lancet Respiratory Medicine ». Présentée au Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses (Eccmid) à Lisbonne, cette recherche met également en évidence plusieurs facteurs associés à la non-récupération des patients : être une femme, être obèse ou avoir été placé sous ventilation mécanique pendant l’hospitalisation.

Ces résultats sont issus de l’analyse des données de la cohorte « post-hospitalisation Covid-19 » (Phosp-Covid) sur 2 320 adultes sortis de l’hôpital entre le 7 mars 2020 et le 18 avril 2021. Pami eux, 807 (soit 32,7 %) - 35,6 % de femmes, âge moyen de 58,7 ans et 27,8 % de ventilation mécanique invasive - ont assisté aux visites à 5 mois et à 1 an. La récupération a été mesurée par les déclarations des patients, des évaluations de la performance physique et de la fonction des organes, ainsi que des prélèvements sanguins pour analyser la présence de diverses protéines inflammatoires.

Pas d’évolution significative entre 5 mois et 1 an

Entre les évaluations menées à 5 mois et à un an, la proportion de patients rapportant un rétablissement complet était « inchangée », rapportent les auteurs : 25,5 % à 5 mois contre 28,9 % à 1 an. Les symptômes de Covid long les plus courants étaient la fatigue, les douleurs musculaires, le ralentissement physique, le manque de sommeil et l’essoufflement.

Plusieurs facteurs étaient associés à une probabilité plus faible de se sentir complètement rétabli à un an : le fait d’être une femme (32 % moins probable), d’être obèse (50 %) et d’avoir eu une ventilation mécanique à l’hôpital (58 %). « Le sexe féminin et l’obésité étaient associés à des problèmes de santé persistants plus graves, notamment une réduction des performances physiques et de la qualité de vie liée à la santé à un an, mettant en évidence un groupe qui pourrait avoir besoin d’interventions d’intensité plus élevée telles que la réadaptation supervisée », commente la première autrice de l’étude, la Dr Rachael Evans de l’université de Leicester, dans un communiqué.

Dans une précédente publication, les auteurs avaient identifié quatre catégories de sévérité des symptômes à 5 mois, ce que confirme cette nouvelle étude à un an. Sur les 2 320 participants, 1 636 disposaient de données suffisantes pour une catégorisation : 20 % souffraient d’une déficience physique et mentale très grave, 30 % d’une déficience grave, 11 % d’une déficience modérée avec des troubles cognitifs et 39 % d’une déficience légère. Dans les groupes très sévères et modérés avec troubles cognitifs, les niveaux d’interleukine-6 (IL-6) étaient plus élevés que le groupe avec déficience légère.

L’étude se poursuit

« Nos découvertes d’inflammation systémique persistante, en particulier chez les personnes des groupes très sévères et modérés avec troubles cognitifs, » suggèrent que ces groupes pourraient répondre aux stratégies anti-inflammatoires, estime l’une des auteurs, la Pr Louise Wain, soulignant « la nécessité d’interventions complexes qui ciblent à la fois les troubles de santé physique et mentale pour atténuer les symptômes ».

Pour l’heure, aucune intervention pharmacologique ou non pharmacologique ne s’est révélée efficace pour les patients atteints de Covid long, estiment les auteurs qui poursuivent leurs travaux sur la cohorte Phosp-Covid. « Notre étude fournit également une justification pour enquêter sur les traitements du Covid long avec une approche de médecine de précision pour cibler les traitements sur le profil de chaque patient afin de restaurer sa qualité de vie liée à la santé », conclut le Pr Christopher Brightling, également de l’université de Leicester.