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Lequotidiendumedecin.fr : Déserts médicaux : des associations de patients réclament des mesures autoritaires aux députés

Mai 2018, par infosecusanté

Déserts médicaux : des associations de patients réclament des mesures autoritaires aux députés

Loan Tranthimy

17.05.2018

Depuis fin mars, la commission d’enquête sur l’égalité d’accès aux soins, créée sous l’impulsion du groupe centriste UDI, Agir et Indépendants (ex-Les Constructifs) mène ses auditions à un rythme soutenu. Ce jeudi, en présence de plusieurs députés, le rapporteur Philippe Vigier, élu centriste d’Eure et Loir et infatigable avocat de mesures musclées, a longuement écouté les représentants de quatre associations de patients : France Assos santé, UFC-Que Choisir, APF France handicap et la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.

Les voyants au rouge

Les représentants des patients et usagers ont, chacun dans leur registre, souligné la dégradation de l’accès aux soins sur le territoire et la nécessité de réorganiser le système de santé. « Tous les voyants sont au rouge. On doit se préoccuper de trouver des solutions rapides pour combattre les disparités grandissantes de l’offre de soins sur le territoire », a mis en garde, offensif, Gérard Raymond, vice-président de France Assos santé et président de la Fédération française des diabétiques.

Regroupements, nouveaux transferts de tâches et de compétences, refonte du système d’aides à l’installation, diversification des modes de rémunération : les associations de patients n’ont pas été avares en idées, pas forcément très neuves.

Mais les associations ont aussi jeté plusieurs pierres dans le jardin des médecins libéraux. Première à lancer l’offensive sur la liberté d’installation, UFC-Que Choisir a plaidé en faveur de la fermeture de l’accès au secteur II et de la mise en place d’un conventionnement sélectif dans les zones surdotées. « Orienter les aides spécifiques à l’installation vers les médecins de secteur I tout en combinant avec le conventionnement sélectif a du sens », assène Mathieu Escot, responsable des études à UFC-Que Choisir. Cette association avait déjà appelé les députés en 2016 à adopter le conventionnement sélectif et ne pas céder au « lobby médical ».

Aude Bourden (APF) a invité les agences régionales de santé à prendre la main. « Au-delà de la régulation, il est important d’accompagner les habitants qui ne trouvent pas de médecins traitants. C’est le rôle des ARS ! ».

Faire feu de tout bois

La coordination nationale des petits hôpitaux et maternités n’a pas fait dans la nuance. « Il faut en finir avec la liberté d’installation sinon la situation s’aggravera », insiste Michel Antony, président fondateur de la coordination. « Il faut faire exploser le numerus clausus et créer davantage de centres de santé. Alors que la France a eu 15 millions d’habitants en plus, le numerus clausus n’a pas été augmenté contrairement à ce qu’on nous dit », dit-il.

« On va devoir passer par une obligation à l’installation au moins pendant quelques années pour rendre service à la population », suggère aussi Rosine Leverrier, vice-présidente de la coordination. « Mais que proposez vous en fait ? Ne souhaitez-vous que des médecins fonctionnaires ? », s’est interrogé le député rapporteur Philippe Vigier. « Aujourd’hui, il faut faire feu de tout bois. La médecine libérale n’a pas su s’autoréguler. Si on ne passe pas par une obligation alors on va laisser la population en déshérence », répond du tac au tac Rosine Leverrier.