Amerique du Nord

Lequotidiendumedecin.fr : En Alabama, les médecins pratiquant des IVG pourraient encourir 10 à 99 ans de prison

Mai 2019, par infosecusanté

En Alabama, les médecins pratiquant des IVG pourraient encourir 10 à 99 ans de prison

Coline Garré

| 16.05.2019

Le Sénat de l’État, majoritairement républicain, de l’Alabama a adopté ce 14 mai le projet de loi le plus restrictif des États-Unis sur l’avortement. Ce texte interdit, y compris dans des cas de viol et d’inceste, les interdictions volontaires de grossesse (IVG). Les médecins qui les pratiqueraient seront passibles de peines de prison allant de 10 à 99 ans. Seules dérogations prévues : en cas d’urgence vitale pour la mère ou d’anomalie létale du fœtus.

Le texte doit être transmis au cabinet de la gouverneure républicaine de l’État, Kay Ivy. S’il est approuvé, il pourrait contribuer à déclencher une bataille judiciaire susceptible d’aller en Cour suprême, dominée depuis l’élection de Donald Trump (ouvertement anti-avortement) par les Conservateurs, but avoué des opposants à l’avortement. Ils espèrent ainsi la convaincre de revenir sur sa décision emblématique de 1973 « Roe v. Wade » qui a reconnu le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable.

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a déjà fait savoir qu’elle saisirait la justice pour empêcher l’application de ce texte. « Ce texte punit les victimes de viol et d’inceste en les privant encore plus du droit à disposer de leur propre corps et en les obligeant à donner naissance », selon l’ACLU. L’organisation féministe américaine National Organization for Women a qualifié la loi d’« inconstitutionnelle », estimant que sa mise en application « renverrait les femmes de l’État aux jours noirs durant lesquels les parlementaires contrôlaient leur corps, leur santé et leur vie ».

Vague anti-avortement aux États-Unis, et ailleurs

Le projet avait été adopté début mai par la Chambre des représentants de l’Alabama.
Plusieurs États conservateurs envisagent des lois anti-avortement tandis que les libéraux cherchent à garantir le droit à l’IVG en l’inscrivant dans leurs Constitutions. Depuis le début de l’année, 28 des 50 États américains ont mis en place plus de 300 nouvelles règles afin de limiter l’accès à l’avortement, selon l’Institut Guttmacher qui défend le droit des femmes à l’IVG.

« La santé et les droits sexuels et reproductifs sont menacés dans le monde entier. Les progrès ne sont pas inévitables, et rien ne peut être considéré comme acquis », mettaient en garde les éditeurs du « Lancet », les Drs Richard Horton et Elisabeth Zuccala, en mai 2018 citant, en exemple, l’Amérique de Donald Trump, les reculs en Amérique latine, en Pologne et en Russie.

Au Maroc, le 24 mai, six personnes dont deux médecins et trois étudiants en médecine seront jugés pour avoir pratiqué clandestinement des avortements à Marrakech et importer illégalement des médicaments depuis l’Espagne. L’IVG est passible de 6 mois à deux ans d’emprisonnement pour la femme qui avorte, et d’un à cinq ans de prison pour le praticien. Selon les associations, entre 600 et 800 avortements clandestins seraient pratiqués chaque jour.