GHT : deux syndicats de directeurs d’hôpitaux réclament des moyens pour mener à bien la réforme

Anne Bayle-Iniguez

28.06.2016

À trois jours de l’échéance du 1er juillet, date à laquelle les hôpitaux rentrent dans le vif du sujet des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les directeurs et managers d’établissements font part de leur grande inquiétude sur leur place de cette réforme et leur manque de moyens pour la mener à bien.
Le Syndicat des managers publics de santé (SMPS) regrette que les directeurs soient livrés à eux-mêmes, sans aucune forme d’accompagnement de la part des pouvoirs publics.

Le rôle des managers est primordial dans la bonne marche des GHT, insiste le SMPS. Les directeurs sont responsables de la mutualisation de diverses fonctions (système d’informations, pharmacie, achats, biologie, imagerie), de la gouvernance et de la « densité du projet médical partagé avant toute chose, dont l’effectivité sera le seul outil d’évaluation des GHT ».

Avec ce « big bang de l’offre de soins hospitalière publique », « il s’agit de déterminer si les directeurs auront les outils pour aller au bout de cette ambition de restructuration territoriale et la reconnaissance nécessaire de leur engagement ». La réponse est aujourd’hui clairement négative pour le SMPS.

« Alors que cette réforme est présentée comme renforçant l’hôpital public, elle va, si rien n’est modifié, dévaloriser sur le plan statutaire et professionnel les conditions d’exercice d’une grande partie des collègues », écrit encore le syndicat.

Le SMPS réclame une « modernisation » des outils de gestion des directeurs et une « nouvelle donne statutaire » en matière de formation initiale et continue, en termes de référentiel métier, de déroulement de carrière, de valorisation et de repositionnement statutaire des adjoints aux directeurs généraux de CHU-CHR.

« Objet managérial non identifié »

Tout aussi sévère, le SYNCASS-CFDT se demande que faire de cet « objet managérial non identifié » qu’est un GHT. Il fustige les « limites d’un modèle improvisé sans prendre le temps d’en vérifier la pertinence ».

« La préparation à marche forcée [de la réforme, NDLR] n’a pas suffi à prévenir tous les risques sur lesquels nous avions alerté, celui d’ensembles démesurés et inefficaces, celui d’un enfermement volontaire du secteur public, là où le parcours patient réclame de plus larges coopérations, et enfin celui de la confusion », tacle l’organisation.

Le SYNCASS prévient : pas question « de faire endosser aux directeurs la responsabilité du désordre que [l’État] aura lui-même créé ».

Pour ne pas « paralyser » le management, les managers appellent à « une indispensable clarification de la gouvernance » et de la répartition des responsabilités. Ils réclament en outre des moyens pour développer un management « cohérent et soutenable » ainsi que « les outils réglementaires requis, les adaptations statutaires et la confiance ».